Chasse, sexualité... un documentaire casse les préjugés sur les femmes préhistoriques

Le documentaire "Lady Sapiens" démonte les préjugés sur la femme préhistorique
Le documentaire "Lady Sapiens" démonte les préjugés sur la femme préhistorique © Capture d'écran de "Far Cry : Primal" / Ubisoft
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Philippe Vandel , modifié à
"Lady Sapiens", un documentaire scientifique diffusée sur France 5 jeudi soir, démonte les stéréotypes sur les femmes préhistoriques. Celles-ci n'étaient pas soumises et cantonnées aux tâches ménagères comme on l'a longtemps dit. Les créateurs du films étaient invités de Philippe Vandel dans "Culture Médias".
INTERVIEW

La femme préhistorique était-elle réduite à porter des enfants, à les élever et à faire la cuisine ? Pas du tout, nous explique un documentaire scientifique intitulé Lady Sapiens diffusé jeudi soir sur France 5. Thomas Cirotteau, le réalisateur du documentaire, et Eric Pincas, le scénariste, étaient les invités de Philippe Vandel jeudi. Dans leur documentaire dédié à la véritable place de la femme au paléolithique, ces deux spécialistes de la préhistoire cassent tous les préjugés sur les femmes préhistoriques.

Des chasseuses au physique d'athlète

"La chasse, ce n'est pas uniquement le lancer de javelot. C'est aussi aller sur le terrain, là où on va chasser", explique Thomas Cirotteau.  "Il faut ramener l'animal, le dépecer. Et les femmes sont extrêmement présentes dans ces activités-là", poursuit le réalisateur. Les femmes préhistoriques n'attendaient donc pas le retour des chasseurs pour cuisiner le gibier, comme on l'a théorisé au 19e siècle. "Les femmes sont souvent dédiées à la chasse au petit gibier", ajoute Eric Pincas.

"Les études sur la musculature des femmes préhistoriques ont montré qu’elles étaient faites comme des athlètes de haut niveau" explique l'anthropologue July Bouhaillier, qui intervient dans le documentaire. Certaines études montrent même que les femmes de l'époque avec une musculature plus développée que nos athlètes hommes actuels. Une forme physique née d'activités extérieures intenses, loin du du foyer. 

Des accouchements moins fréquents et à la verticale

"Les femmes préhistoriques accouchaient dans beaucoup de positions différentes, mais certainement pas allongé sur le dos", estime l'anthropologue. "Les positions verticales sont avantageuses quand on accouche. On a une meilleure ventilation pulmonaire et on a moins de douleur. On profite de la gravité. Il n'y a pas d’incapacité anatomique, chez homo sapiens, pour accoucher."

"La position de la femme allongée avec les jambes dans les étriers, c'est contre-nature. La position verticale, la gravité, ça facilite le passage du bébé dans le canal pelvien", détaille Eric Pincas. "La médecine a voulu aider les femmes, mais en les positionnant allongées, cela ne leur a pas facilité de travail, car la position bloque les hanches", ajoute Thomas Cirotteau.

Grâce à l'analyse des dents, les scientifiques peuvent savoir à quelle régularité les femmes du paléolithique avaient des enfants. "On a la capacité de savoir à quel moment l'enfant est passé du lait maternel à une nourriture variée. Cela laisse des traces dans la croissance de la dent. On arrive ainsi à déterminer ce moment qui peut intervenir à deux, trois ou quatre ans", explique le réalisateur de Lady Sapiens.

"Or, pendant que la femme allaite, elle n'est pas fertile. Si l'allaitement dure trois ans et bien lors de ces trois années, la mère ne peut pas avoir d'enfants", analyse Thomas Cirotteau. "On peut donc savoir le nombre d'enfants qu'elle a eus au cours de sa vie". Une analyse qui va à l'encontre de l'idée selon laquelle ces femmes enfantaient très souvent, presque un fois par an selon certaines théories. 

La femme préhistorique, une femme soumise ?

"On est partis d'un mythe qui est celui du rapt de la femme, qui avait cours au 19e siècle. On a l'impression que les femmes sont objectifiées, que ce sont les hommes qui décident de tout", explique Eric Pincas. Avec la paléogénétique, on s'aperçoit qu'au paléolithique, il y avait autant d'échanges de femmes que d'hommes."

"Pourquoi avoir ce modèle patriarcal de l'imposition d'un homme à une femme ?", interroge le scénariste. "A partir du moment où la femme apporte sa culture en changeant de groupe, amène ses traditions et ses croyances, elle est tout à fait à même de pouvoir choisir un homme".