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Aurélie Dupuy , modifié à
Après la journée mondiale de la liberté de la presse, le secrétaire général de Reporters sans frontières dresse un bilan de la situation de la presse dans le monde, et plus spécifiquement en France.
INTERVIEW

La journée mondiale de la liberté de la presse avait lieu ce vendredi. Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) était l'invité samedi du Grand journal de Philippe Vandel pour faire un état des lieux de la situation de la presse dans le monde, avec un focus sur la France.

Il aimerait, dit-il, annoncer des bonnes nouvelles. "Ce n'est pas le cas. Au moment où nous parlons, il y a près de 350 journalistes en détention dans le monde. L'an dernier, près de 80 journalistes ont été assassinés dans l'exercice de leurs fonctions." Le cas le plus notable a été celui de Jamal Khashoggi, journaliste saoudien, éditorialiste au Washington Post, assassiné, même découpé en morceaux au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, en Turquie", rappelle Christophe Deloire. "Malheureusement, les hommes forts, autoritaires, Duterte aux Philippines, Poutine en Russie, Xi Jiping en Chine, aujourd'hui se permettent un nombre de choses absolument sidérantes. La semaine dernière, la présidence philippine a fait savoir qu'à son sens, des journalistes préparaient un coup d'Etat. En fait, c'est une manière de préparer des incarcérations de journalistes", ajoute-t-il.

La France 32e sur 180

Sans commune mesure, le cas de la France n'est cependant pas parfait. Christophe Deloire rencontrait Emmanuel Macron vendredi et évoquait avec lui la situation internationale mais aussi française. "La France est 32e au classement mondial de la liberté de la presse, sur 180 pays. On pourrait se dire, c'est juste devant le Royaume-Uni, une dizaine de places devant les Etats-Unis, qui sont désormais en couleur orange, mais c'est loin derrière les pays d'Europe du Nord, même l'Allemagne, qui est 5e", constate le secrétaire général, qui explique les raisons de ce rang. "La France est un pays dans lequel il y a une haine montante du journalisme, des passages à l'acte de plus en plus graves. C'est un pays où il y a plus de conflits d'intérêts qu'ailleurs, moins d'indépendance éditoriale", énumère-t-il.

Gilets jaunes et violences policières

Les violences policières lors des manifestations des "gilets jaunes", mais aussi les violences commises par certains "gilets jaunes" insatisfaits du traitement de l'information - allant même jusqu'à la destruction de kiosques - ont joué leur part. "Des journalistes ont été pris en étau entre des violences très inquiétantes de la part des manifestants et des violences policières sciemment perpétrées. Il faut des actions très concrètes pour que ça cesse, de manière préventive, pour les prochaines manifestations, et que ceux qui les ont commises soient sanctionnés", demande Christophe Deloire qui assure qu'Emmanuel Macron s'est engagé à prendre des mesures.

"Il faudra voir quelles mesures sont effectivement prises", glisse-t-il, avant d'évoquer un chantier majeur : l'accès à une information fiable, au milieu de communications, de rumeurs, d'informations sponsorisés et de "fake news".