Une chronique de Libération sur les "craintes" que peut susciter une femme voilée dans le métro a suscité mardi de nombreuses réactions sur Twitter et des critiques au sein de la rédaction, entraînant une mise au point du directeur de la publication Laurent Joffrin.
Une chronique sur ses craintes. Dans cette chronique publiée en ligne lundi et dans la version papier mardi, le journaliste Luc Le Vaillant recense ses "craintes réelles et fantasmées" face à une passagère d'une "rame après-attentats" portant une "abaya couleur corbeau". "Cette autre soutane monothéiste lui fait la cuisse évasive, la fesse envasée, les seins restreints", un passage jugé sexiste par certains lecteurs. "Elle se tient droite et les regards oublient vite sa silhouette pour se concentrer sur la gibecière portée en bandoulière", note le chroniqueur. "Je me raconte que la femme voilée est en cheville avec le conducteur salafiste et que mon supplice est pour bientôt", décrit le journaliste, qui quitte le métro avant sa station d'arrivée. Imaginant immédiatement une terroriste, certains internautes y ont vu du racisme.
6.000 réactions. Le texte avait suscité plus de 6.000 réactions sur Twitter avec la hastag #LibeRacisme en début d'après-midi, la plupart dénonçant une "chronique raciste". Au sein du journal, "de très nombreux journalistes ont également fait part ce mardi de leur désapprobation sur un contenu qui ne reflète pas, à leurs yeux, les valeurs du journal et leurs convictions personnelles", a réagi la Société des journalistes de Libération dans un communiqué. Des journalistes du quotidien ont aussi fait part de leur indignation sur Twitter comme l'écrit Willy Le Devin : "Non, Libé n'est pas raciste et ne le sera jamais. Mais, oui, en lisant ce texte j'ai mal et honte #Liberation".
Non, Libé n'est pas raciste et ne le sera jamais. Mais, oui, en lisant ce texte j'ai mal et honte #Liberation
— Willy Le Devin (@Will_ld) 8 Décembre 2015
Libération réagit. De son côté, Laurent Joffrin, directeur de la publication de Libération a publié une réponse sur le site du quotidien vers midi. Pour lui, "l’accusation de racisme ou de sexisme qui court ici et là est évidemment ridicule quand on connaît un tant soit peu notre chroniqueur et notre journal. Les chroniques, comme leur nom l’indique, sont par nature diverses et subjectives". "Si des lecteurs ont été blessés par ce texte, nous en sommes désolés", conclut Laurent Joffrin.