Les médias ont-ils un impact sur les décisions judiciaires ? A en croire une étude de l'Institut des Politiques Publiques, la réponse est oui. "En moyenne, chaque reportage sur un fait divers criminel diffusé dans les journaux télévisés de 20 Heures augmente de 24 jours la durée des peines prononcées le lendemain par les cours d’assises", explique ainsi l'étude. Renaud Revel, rédacteur en chef médias à L’Express, et Paul Lefèvre, journaliste et chroniqueur judiciaire, débattent de la question dans Le grand direct des médias.
L'exemple de Jacqueline Sauvage. "Les médias et l'opinion ont une influence considérable", estime Renaud Revel. Le journaliste reprend l'exemple de l'affaire Jacqueline Sauvage et explique comment l'exécutif a été rendu acteur de ce fait divers. "Toute la charge émotionnelle qui a suivi cette affaire a obligé le président de la République à accorder une grâce que l'on n'attendait pas", insiste-t-il. Paul Lefèvre, qui a couvert de nombreux procès, est conscient de l'influence que les médias peuvent avoir. "On s'en aperçoit tout de suite", explique-t-il. Le journaliste confie que des jurés sont déjà venus le voir au lendemain d'une intervention télévisée en lui disant : "Grâce à vous, j'ai compris".
Un confinement pour les jurés ? "Aux Etats-Unis, dans certains Etats, on confine les jurés", raconte Renaud Revel. L'objectif est de les préserver de la radio, des journaux ou de la télévision et donc de l'impact que les médias pourraient avoir sur leur décision. Paul Lefèvre relativise ces mesures et pense que de telles dispositions ne seraient pas efficaces en France. "Cela mettrait les jurés sous l'influence directe des magistrats", présage-t-il. "Il faut que les jurés aient une oreille à l'extérieur", insiste le chroniqueur judiciaire.