Le magazine Ebdo va cesser de paraître trois mois après son lancement, faute de lecteurs, et son éditeur s'est déclaré en cessation de paiement, ont indiqué ses fondateurs jeudi.
40 embauches pour le lancement. En raison de ventes décevantes, qui se sont ajoutées au retrait d'investisseurs et de deux banques, Rollin Publications a demandé la nomination d'un administrateur judiciaire pour "préserver l'activité" des revues XXI et 6Mois qu'il édite également, et sauver des emplois. Sur 63 postes, une quarantaine de salariés avaient été embauchés pour le lancement d'Ebdo. "C'est un échec commercial", a reconnu le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, cofondateur de cet hebdomadaire lancé en janvier, 100% papier et sans publicité. Le numéro 11, qui paraîtra vendredi, sera le dernier.
Rollin publications a enclenché mercredi une procédure de cessation de paiement devant le tribunal de commerce de Paris. Les fondateurs, qui se retireraient alors des éditions Rollin dix ans après leur création, privilégient la cession partielle des revues XXI et 6Mois pour sauver leur activité. Des offres de reprise sont déjà prévues, selon eux.
Le malaise de l'affaire Hulot. Après une campagne de financement participatif réussie à l'automne, Ebdo s'est lancé en janvier et espérait stabiliser ses ventes à 20.000 en kiosques et 25.000 par abonnement au début du printemps. Las, après quatre premiers numéros aux ventes correctes, le journal a perdu une partie des 8.000 abonnés qu'il comptait à son lancement, et vend 7.500 exemplaires en kiosques. "Il y a un rendez-vous manqué avec les lecteurs", a souligné l'autre cofondateur Laurent Beccaria, reconnaissant aussi que "l'affaire Hulot a précipité le malaise".
Le grand coup d'éclat du nouveau journal en trois mois a été la publication d'une enquête sur Nicolas Hulot, révélant que le ministre de la Transition écologique avait fait l'objet d'une plainte pour viol en 2008, classée sans suite pour cause de prescription. Cet article a été très critiqué par des médias comme par des lecteurs qui soutenait l'aventure depuis son lancement.
Un investisseur individuel s'est désisté, et avec les mauvais résultats de l'hebdomadaire, les déboires se sont accumulés : une augmentation de capital de deux millions d'euros à laquelle devaient souscrire huit personnes morales a été annulée et les crédits bancaires de deux millions d'euros sur lesquels les fondateurs du journal comptaient n'ont pas été débloqués.