Céline Calvez députée LREM 3:18
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Céline Brégand
Selon le pré-rapport de la députée LREM Céline Calvez, les femmes ont été sous-représentées dans les médias pendant la crise du coronavirus. Dans "Culture Médias" lundi, la députée dévoile les premières conclusions de ce rapport et les pistes proposées pour donner plus de place aux femmes dans les médias.
INTERVIEW

Les femmes, en première ligne pendant la crise du coronavirus, ont été sous-représentées dans les médias (télévision, radio, presse écrite) pendant cette période, conclut le pré-rapport de la députée LREM Céline Calvez remis il y a une semaine au ministre de la Culture Franck Riester et à la secrétaire d'État en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Céline Calvez dévoile les résultats et les pistes envisagées pour améliorer la situation dans Culture Médias lundi.

Les femmes, invisibles dans les matinales radio en mars

Le Premier ministre Édouard Philippe a confié cette mission à Céline Calvez le 24 avril, peu après la Une du Parisien jugée sexiste faisant figurer quatre hommes pour raconter le monde d'après. "Ça a créé de l'émoi, alimenté par le fait que sur des plateaux, nous soyons témoins de l'absence de femmes", explique la députée. 

Pour établir ce pré-rapport, Céline Calvez et son équipe ont travaillé à partir des études du CSA et de l'INA et à partir d'entretiens avec 150 personnes parties prenantes des médias, issues d'associations luttant pour une place plus importante des femmes dans les médias, des chercheurs et des sociologues en France et à l'étranger.

En analysant les interviews phares des huit matinales radio les plus écoutées entre mars et mai, Céline Calvez et son équipe ont constaté qu'en mars "les femmes ont été complètement invisibles". "Là où elles représentent 30 à 40% habituellement, nous pouvions tomber à 14 à 20%", dévoile la députée. Des chiffres qui sont remontés dans les semaines suivantes.

80% des experts sollicités étaient des hommes

Et en étudiant les journaux télévisés pendant la crise, le CSA a établi que "si la place des femmes journalistes reste toujours la même, au point de vue des expertes on n'y est pas", constate la députée. Ainsi, 80% des experts sollicités étaient des hommes. "Ce n'est pas que la responsabilité des médias", estime Céline Calvez. "On est face à une crise inédite où la parole scientifique est vraiment consacrée. Or, la parole des femmes dans les sciences n'est pas encore à la hauteur de ce qu'elles peuvent apporter et de ce qu'elles apportent", note-t-elle.

Autre inégalité : la part des femmes parmi les témoins. Alors que 55% des témoins étaient des femmes, notamment chez les professionnels de santé, seulement 27% des médecins entendus dans les médias étaient des femmes. "Nous entendions des médecins parce que les médias vont chercher ceux qui ont le pouvoir hiérarchique. Et les institutions scientifiques préféraient envoyer des hommes que des femmes", explique la députée.

L'INA a analysé pour la première fois les bandeaux d'incrustation accompagnant la prise de parole des femmes. "C'est une façon de mesurer la légitimité que l'on va donner aux femmes", explique Céline Calvez. Et le constat est sans appel : "Si les hommes étaient présentés comme ayant un pouvoir d'autorité à 77%, on était à moins de 50% pour les femmes."

"Favoriser la rencontre entre les médias et les expertes"

Pour Céline Calvez, il était important de faire ce travail pendant la crise du coronavirus car "en période de crise, sous couvert d'urgence, on fait moins attention à ce qui est important", explique-t-elle. "Nous devons en tant que femmes pouvoir nous reconnaître dans les médias. L'idée était d'appeler à la vigilance pour que ce ne soit pas aggravé."

Afin d'améliorer la situation, Céline Calvez estime qu'il faut que "les deux côtés [femmes et médias] se comprennent mieux, que les expertes comprennent la valeur de l'occasion qui leur ai donnée quand elles sont invitées à prendre la parole. Et que les médias comprennent dans quelle mesure il faut davantage travailler en amont ce lien avec les expertes." Selon la députée, il faut donc "favoriser la rencontre entre les médias et les expertes". Si des initiatives existent déjà, Céline Calvez estime qu'il "faut aller encore plus loin" et que ce travail doit commencer dans les écoles de journalisme et passe également par le développement de "l'expression orale à l'école, aussi bien auprès des garçons que des filles".

Compter, se fixer des objectifs, et établir des quotas

Selon elle, il est aussi nécessaire de compter les femmes dans les médias "pour favoriser la prise de conscience", et se fixer des objectifs "de l'ordre de l'incitatif ou de l'ordre du contraignant". Céline Calvez se dit également favorable à l'instauration de quotas et de sanctions en cas de non respect du quota établi tout en restant vigilant afin que ces quotas ne soient pas "contre-productifs". "Il faut trouver le bon niveau et donner les moyens à chacun de pouvoir atteindre l'objectif."

Les conclusions du rapport final doivent être remises fin août. Mais la question de la place des femmes dans les médias demandant "une vigilance quasiment quotidienne", Céline Calvez a estimé nécessaire d'établir un pré-rapport afin de "favoriser la vigilance de chacun".