Le contexte est très tendu à la rédaction de France 2, depuis l'annonce de l'éviction de David Pujadas du 20 Heures, mercredi. "Ce n'est pas tellement l'éviction de David Pujadas. C'est une suite d'événements qui se sont carambolés sur une matinée", a précisé Manuel Tissier, président de la Société des journalistes (SDJ) de France 2, sur Europe 1 vendredi. Le premier de ces événements est la tribune de Michel Field, directeur de l'information, "qui faisait un diagnostic assez sévère sur la rédaction" dans Libération mercredi.
"Enlever le présentateur du journal, ce n'est pas du fond." Cette tribune "a été la grande incompréhension", explique Manuel Tissier. Ce qui a véritablement enflammé la rédaction est donc cette sortie de Michel Field, couplée "avec une décision (éviction de David Pujadas) qui arrive juste le lendemain, plus l'actualité et le contexte politique très fort de cette journée" ainsi qu'un rendez-vous prévu avec Michel Field dans la journée "pour discuter du travail de la rédaction" : "On avait une réunion pour parler du fond. Enlever le présentateur du journal depuis 16 ans, ce n'est pas du fond, c'est de la forme."
"On rajoute une étape supplémentaire." Ainsi, deux motions de défiance contre Michel Field et Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, seront soumises au vote. Une première motion de défiance contre Michel Field avait été votée il y a un an, mais "rien ne s'était passé", rappelle Manuel Tissier. "Et puis il y a eu des événements que nous n'avons pas médiatisés. On a fait le choix de gérer les choses entre nous. (...) Maintenant, on se retrouve devant une crise majeure et on rajoute une étape supplémentaire", en proposant une motion de défiance contre Delphine Ernotte, complète-t-il.
"David Pujadas est un grand professionnel." Mais la crise que traverse France 2 actuellement "n'a rien à voir avec le départ de David Pujadas", assure Manuel Tissier : "David Pujadas est un grand professionnel. Il était avec nous pendant 16 ans mais on sait très bien que la violence de ces moments-là, c'est absolument obligatoire. (...) A chaque fois c'est un choc parce que ce sont des postes très exposés." A France 2, la révolte de la rédaction va donc beaucoup plus loin que la simple protestation contre le départ d'une figure emblématique de la chaîne.