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Tiffany Fillon , modifié à
Alors que les élections municipales approchent, les chaînes de télévision sont en première ligne dans l'organisation des débats, parfois contestés, notamment à cause du temps de parole accordé aux candidats présents. Comment expliquer que ce temps de parole ne soit pas identique pour tous les candidats ? Explications avec Michèle Léridon, membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel et Laurence Mayerfeld, directrice du réseau régional de France 3, invitées jeudi dans "Culture médias".
ANALYSE

À l'approche des élections municipales, la première soirée de débat d'avant premier tour a eu lieu mercredi sur toutes les antennes de France 3. Et une question en émerge : comment fonctionne l'organisation du temps de parole pour ces élections ? Invitées dans Culture médias, jeudi, Michèle Léridon, membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) en charge des questions d’équité de temps de parole et Laurence Mayerfeld, directrice du réseau régional de France 3, ont expliqué pourquoi les chaînes ne donnent pas le même temps à chaque candidat. 

Selon Michèle Léridon, pour comprendre comment s'opère le calcul du temps de parole pour les municipales, il faut différencier l'égalité de l'équité. "L'égalité, c'est lorsque tout le monde a le même temps de parole tandis que l'équité, c'est une distribution du temps de parole en fonction de la représentativité des formations politiques", explique-t-elle. Lors d'un débat, c'est l'égalité du temps de parole qui sera observée. "Les candidats bénéficient d'une égalité du temps de parole dans cet espace-là", affirme ainsi Laurence Mayerfeld.

À plus grande échelle, si l'on prend en compte la présence de chaque candidat sur les écrans par rapport aux autres (la représentativité d'un candidat), c'est l'équité qui prévaut. Les chaînes doivent donc choisir "qui sera invité à débattre" et savoir "qui aura un autre temps de parole ailleurs", détaille Laurence Mayerfeld.

Comment la représentativité d'un candidat est-elle évaluée ? D'après Michèle Léridon, du CSA, elle se fonde sur "un faisceau d'indices" qui comprend la présence du candidat aux élections municipales précédentes, mais aussi "européennes, présidentielle et législatives". "On regarde aussi les sondages, la dynamique de campagne, l'organisation de meetings ou encore la présence sur les réseaux sociaux", résume Michèle Léridon. 

Un système contesté 

Mais ces règles ne sont pas toujours au goût des personnalités politiques. "Au moment des élections européennes (qui fonctionnent avec les mêmes règles), certaines personnalités politiques ont saisi le tribunal administratif qui, dans un premier temps, leur a donné raison. La décision a ensuite été cassée par le Conseil d'État qui a confirmé que cette sélection relève de la responsabilité des médias", affirme-t-elle. "On rappelle alors cet état de fait : la liberté éditoriale. On ajoute que l'on reste vigilant au fait que ces personnes aient accès à l'antenne à un moment ou un autre", signale la membre du CSA. 

Le cas d'Édouard Philippe

Autre cas de figure : lorsqu'un membre du gouvernement se présente à une élection. Par exemple, comment sera calculé le temps de parole du Premier ministre Édouard Philippe, candidat à la mairie du Havre ? "S'il est invité dans le JT 19/20 et qu'il parle du Havre, il va être décompté sur les municipales. S'il parle du virus, on va regarder s'il parle des malades du Havre ou des autres", répond Laurence Mayerfeld. "En revanche, s'il parle de sujets plus régaliens ou de politique générale, c'est un autre compteur qui se déclenchera", complète Michèle Léridon.