"Il était une conscience, plus qu’un journaliste" : Claude Perdriel rend hommage à Jean Daniel

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Ugo Pascolo , modifié à
Le co-fondateur du "Nouvel Observateur" Claude Perdriel rend hommage à son ami Jean Daniel, décédé mercredi soir à l'âge de 99 ans, et qui avait lancé avec lui l'hebdomadaire. Il se souvient au micro du "Grand journal du soir" d'Europe 1 d'un "grand journaliste", d'un "grand éditorialiste", et d'un "grand directeur de journal". 
INTERVIEW

Il le considérait comme son ami, son frère. Quelques heures après l'annonce jeudi du décès du co-fondateur du Nouvel Observateur Jean Daniel, à l'âge de 99 ans, Claude Perdriel lui rend hommage au micro d'Europe 1. Dès 1964, année de la fondation du journal, il est aux côtés de l'emblématique éditorialiste pour "batailler" et "donner la parole à tous les intellectuels français de talent, avec un véritable pluralisme d'opinion".

"C'était un grand journaliste"

"C'est un jour triste pour moi, j'admirais Jean [Daniel], j'ai toujours apprécié sa pensée, j'étais content de la promouvoir et de la défendre", raconte Claude Perdriel au micro du Grand journal du soir, jeudi. "Nous avons bataillé ensemble pendant 50 ans, ce n'était pas toujours facile de faire vivre le Nouvel Obs, mais nous étions quotidiennement ensemble pour défendre ce journal", se souvient l'homme de presse. "C'était un grand journaliste, un homme qui avait la passion de l'enquête et de la lutte contre les fausses nouvelles. Il a défendu un vrai journalisme qui est peut-être un peu absent aujourd’hui avec toutes ces fakes news", relate-t-il.

Mais Jean Daniel n'était pas que ça, il était également "un grand directeur de journal" et un "grand éditorialiste", selon son ami Claude Perdriel. "Tous ces éditos étaient nourris d'informations, parce qu'il appelait 15 personnes avant de l'écrire", assure-t-il. "C'était quelqu'un d'une espèce en voie de disparition, à part [Laurent] Joffrin je ne vois pas qui pourrait le remplacer", avance-t-il. 

Un maître à penser pour toute une génération

Mendésistes, les deux amis n'en placent pas pour autant la rigueur journalistique au premier plan de leur journal : "L'information, elle ne devait être ni de droite, ni de gauche. Elle devait être presque scientifique, de façon à approcher le plus possible de la vérité, sachant qu'on y arrive jamais tout à fait", explique-t-il. Et même si en 1981 le Nouvel Obs s'est positionné pour l'accession au pouvoir de Mitterrand, l'éditorialiste était "journaliste avant de lui être favorable" et "l'indépendance du journal était plus grande".

C'est certainement cette passion et cette rigueur qui ont fait de Jean Daniel un maître à penser pour toute une génération de journalistes des années 1970-1980, et même au-delà. "Il y avait une pensée Jean Daniel", confirme au micro d'Europe 1 Claude Perdriel. "Elle était souvent surprenante, si bien que lorsqu'on ouvrait le journal, on ne savait jamais très bien quelle position il allait prendre". Mais le co-fondateur du "journal ouvert à toutes les gauches" avait également la particularité d'être aimé par ses équipes. "Il nous emmenait, moi y compris, dans une bataille commune, et il faisait en sorte que nous nous sentions exprimés par lui. En lisant son papier de la semaine, on se disait tous que c'était exactement ce que l'on pensait".