Trois syndicats de journalistes se sont insurgés samedi dans un communiqué commun contre une note du Quai d'Orsay aux médias pour les dissuader de se rendre en Syrie, dénonçant "un appel à l'autocensure".
"Cachez cette guerre que nous ne saurions voir". Dans un communiqué intitulé "Liberté de la presse : à quoi joue le Quai d'Orsay ?", le SNJ, le SNJ-CGT et l'union syndicale CFDT-Journalistes estiment que "sous l'apparence de simples recommandations, cette note du Quai d'Orsay consiste en réalité à inciter les rédactions à rester à distance, et pire, à les inciter à ne pas acquérir et diffuser les reportages des journalistes indépendants qui couvrent le conflit sur place". "Cachez cette guerre que nous ne saurions voir", ironisent-ils en dénonçant un "appel à l'autocensure, et une vision rétrograde d'une profession qui serait condamnée, au nom de la sécurité, à se cantonner aux sentiers bien balisés de la communication et du journalisme embarqué".
Dans une note aux rédactions vendredi, la porte-parole du ministère Agnès Von Der Mühll dit vouloir attirer leur "attention sur les recommandations cruciales pour la sécurité des journalistes", dans "le contexte de recrudescence de la violence en Syrie, dans la Ghouta orientale et dans le district d'Afrin notamment". "Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir renoncer à tout projet éventuel de vous rendre dans ce pays ou d'y envoyer des collaborateurs", écrit-elle. "Une vigilance particulière devrait s'exercer lors de l'acquisition des reportages de journalistes indépendants s'ils ont été réalisés dans des conditions les exposant à des risques disproportionnés", ajoute la porte-parole. Pour les syndicats, le ministère "fragilise" ainsi "la position de ces reporters".