Alain Juppé prend les devants. Dans un long billet de blog publié mercredi et intitulé "2047, bientôt...", l’ancien Premier ministre annonce sa candidature à la primaire de l’UMP en vie de la présidentielle de 2017. Après un long argumentaire, le membre du triumvirat actuellement à la tête de l’UMP, avec François Fillon et Jean-Pierre Raffarin, conclut : "c’est pourquoi j’ai décidé d’être candidat, le moment venu, aux primaires de l’avenir. Il reste moins de deux ans pour les organiser (car le bon sens voudrait qu’elles aient lieu au printemps 2016). C’est un bon délai."
"Une méthode s’impose : l’organisation de primaires largement ouvertes". Dans son billet, Alain Juppé, 69 ans depuis le 15 août dernier, plaide avec force pour la tenue de cette fameuse primaire, à laquelle les sarkozystes, notamment, s'opposent. "Pour parvenir à une candidature d’union, une méthode s’impose : l’organisation de primaires largement ouvertes à toutes celles et tous ceux, inscrits ou non dans un parti, qui ne veulent ni de la France barricadée sur elle-même que leur promet le FN ni de ce qu’est devenue , faute d’adaptation aux réalités du monde actuel , l’idéologie socialiste", écrit le maire de Bordeaux.
"Le principe de ces primaires est inscrit dans les statuts de l’UMP, massivement ratifiés par nos adhérents. Leur esprit est en harmonie avec la culture d’une démocratie nouvelle qui se développe sur le terrain et qui a encore du mal à émerger au niveau national. Il faut se mettre à la tâche et commencer à en préparer les modalités, avec toutes les garanties d’impartialité et d’ouverture qui s’imposent. L’UMP doit, pour cela , tendre la main à ses partenaires naturels et créer le climat de confiance nécessaire", poursuit-il.
Une esquisse de programme. Alain Juppé donne aussi une ébauche de ce qui pourrait être son programme présidentiel. "Reste à construire un programme concret d’allègement du fardeau fiscal, financé par un programme réaliste de maîtrise des dépenses publiques ainsi qu’un programme ambitieux de simplification des normes en tous genres qui asphyxient la production", écrit-il ainsi.
Puis l’ancien Premier ministre livre ses pistes pour "assurer la pérennité d’un modèle social français qui traduit en actes le beau principe de solidarité auquel nous tenons tous". Avec un principe : "solidarité et responsabilité doivent aller de pair, dans toutes les branches de notre protection sociale, vieillesse, maladie , famille , chômage , demain de plus en plus dépendance." Et de préciser : "la responsabilité signifie par exemple que l’âge du départ à la retraite ne peut pas ne pas tenir compte des progrès de l’espérance de vie ; ou bien encore qu’à condition que s’amorce le reflux du chômage, les modalités de son indemnisation doivent inciter davantage à la reprise du travail ; ou bien encore qu’à l’hôpital le développement des traitements ambulatoires est un progrès tant pour la santé du patient que pour celle de la 'Sécu'."
Tacles à Hollande et Valls. Alain Juppé n’oublie évidemment pas non plus d’égratigner le couple exécutif. "Nous aurions besoin d’une France forte, capable d’entraîner une Europe active. Ce n’est hélas! pas le cas", acrit le maire de Bordeaux. "Le Président de la République et son Premier Ministre ont perdu la confiance des Français. Trop d’engagements répétés n’ont pas été tenus, telles l’inversion de la courbe du chômage ou la reprise de la croissance", précise-t-il. "Le sentiment que le pays n’est pas conduit selon un cap clairement fixé mais que le pilotage se fait à vue s’est peu à peu installé dans l’opinion. Les divisions de la majorité parlementaire ajoutent à la confusion : les Verts ont quitté le navire, les radicaux de gauche menacent de le faire et ‘la gauche de la gauche’ conteste ouvertement la politique gouvernementale."