Autoroute ferroviaire : attention au départ !

  • Copié
Administrator User , modifié à
Le ferroutage est sur les rails. La ligne Perpignan-Luxembourg a été inaugurée jeudi matin par les ministres des Transports français et luxembourgeois. 1.000 km de voie pour faire transiter les camions par la voie ferrée et ainsi réduire les émissions de CO2 tout en désengorgeant l'A7 notamment.

"Aujourd'hui nous réalisons un pas important pour l'Europe, pour un transport sécurisé et en matière de protection de l'environnement", a déclaré Dominique Perben. Le ministre français des Transports et son homologue luxembourgeois, Lucien Lux, ont inauguré jeudi l'autoroute ferroviaire Perpignan-Luxembourg : 1.000 km de voie qui passent par Narbonne, Montpellier, Avignon, Valence, Lyon, Dijon, Nancy et Metz. Le ferroutage, ce sont des camions chargés sur des wagons. L'objectif est de transporter, à partir de juillet, 30.000 camions par an par ce biais. Les ministres ont assisté, sous la pluie, au chargement de quatre premières remorques avant de monter, pour quelques centaines de mètres, sur la motrice ornée des drapeaux français, luxembourgeois et européen. L'exploitation commerciale, avec une capacité de 40 remorques sur chaque train et une liaison dans chaque sens, toutes les nuits, débutera le 2 juillet. C'est moins de 5% du trafic routier effectuant cette liaison, selon l'exploitant. L'énergie consommée par le train représentera en revanche une réduction de 80% des émissions de CO2 par rapport à un trajet routier et le temps de parcours sera de 14 heures et demie, contre 17 à 22 heures sur autoroute. Autre argument destiné à séduire les transporteurs, le service sera assuré sept jours sur sept, tout au long de l'année, dimanches et jours fériés compris. Les tarifs annoncés, 900 euros par semi-remorque et par voyage pour les "clients réguliers", se veulent compétitifs, à savoir 10% moins cher que sur autoroute. "Les coûts sont équivalents, mais il faut qu'il y ait une réelle qualité de service", estime René Ciolek, secrétaire régional en Lorraine de la FNTR, principale Fédération de transporteurs routiers français. Le système mis au point par Modalohr, filiale de l'industriel alsacien Lohr-Industrie, permet d'embarquer tout type de semi-remorque aux normes européennes avec une hauteur maximale sur route de 4,04 m. Les camions viennent sur des plates-formes spécialement aménagées déposer leurs remorques sur des wagons surbaissés et articulés qui pivotent pour l'embarquement. A l'arrivée, d'autres tracteurs s'arriment de la même manière aux attelages. Ce système fait l'objet depuis 2003 d'une expérimentation entre Aiton, en Savoie, et Obrassano, en Italie, via le tunnel ferroviaire du Fréjus. Si cette liaison n'a jamais été rentable, en raison notamment d'une distance jugée trop courte pour intéresser les transporteurs, elle est considérée comme une réussite technique. D'autres "autoroutes ferroviaires" sont en projet, notamment entre le nord de la France et l'Aquitaine.