Déficit : l'Eurogroupe "rassuré" par Sarkozy

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Nicolas Sarkozy a assisté lundi soir à la réunion ministérielle de l'Eurogroupe, qui rassemble les pays de la zone euro. Attendu de pied ferme, le président français a défendu sa politique de réformes "sans précédent" et prôné une application "intelligente" du Pacte de stabilité et de croissance de l'euro. Il a promis que la France ferait tout son possible pour équilibrer son budget d'ici 2010, sinon d'ici 2012. Sa politique budgétaire, tant décriée ces dernières semaines, a obtenu la bénédiction du président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.

Un petit tour à Bruxelles et tout est (presque) réglé ! Nicolas Sarkozy s'est invité lundi soir à l'Eurogroupe, un fait rarissime pour un chef de l'Etat... Autour de la table donc 13 ministres des Finances de la zone euro et... un président. Le chef de l'Etat français avait décidé de défendre en personne ses projets fiscaux et expliquer pourquoi il a décidé de reporter de 2010 à 2012 l'assainissement des finances publiques. Non seulement il a remis en cause les engagements solennellement pris par le gouvernement de Dominique de Villepin pas plus tard qu'en avril dernier. Mais aussi le résultat était loin d'être acquis d'avance. Nicolas Sarkozy a donc défendu la politique de réformes engagées par la France en prônant une application intelligente du Pacte de stabilité et de croissance. "La France s'engage dans un effort sans précédent", a-t-il déclaré. Et de souligner qu'"il faut un peu de temps pour que les réformes génèrent des économies". "On ne peut pas me demander des résultats tout de suite avec des réformes faites tout de suite". Le gouvernement français a en effet opté pour une politique de "choc fiscal" destiné à stimuler la croissance mais susceptible de nuire aux objectifs adoptés en avril à Berlin par l'Eurogroupe lors d'une réunion informelle. "Il faut de l'argent pour accompagner un processus de réformes", a-t-il ajouté, en se disant "dans la logique" de la version renégociée - et assouplie - du Pacte de stabilité. "C'est ce pragmatisme dont j'ai demandé qu'il soit retenu pour une interprétation intelligente du Pacte de stabilité. Je ne demande pas des délais (...), je demande une interprétation dynamique du Pacte de stabilité parce que les réformes que l'Europe attend, la France va les mettre en oeuvre". Nicolas Sarkozy a évoqué par ailleurs la présentation en septembre d'un programme de réformes "actualisé". Soucieux de dissiper l'impression que pouvait donner la France de faire cavalier seul en matière de respect des objectifs de bonne gouvernance dans la zone euro, le président français a qualifié sa démarche de "profondément européenne". "Je crois à la nécessité de ce pacte (le Pacte de stabilité et de croissance)", a-t-il assuré, estimant par ailleurs que "la question (n'était) pas d'évoquer des résultats à trois ans mais de les tenir". Le président français a promis que la France ferait tout son possible pour équilibrer son budget d'ici 2010, sinon d'ici 2012. Il a estimé possible cet objectif si les réformes engagées débouchaient, comme espéré, sur une hausse de la croissance. Il a évoqué notamment l'objectif d'un déficit de 2,4% du PIB au lieu de 2,5% en 2007 et en-deçà de 2,4% en 2008 - à comparer avec l'objectif de 1,8% du PIB affiché avant l'élection présidentielle. Alors que la réunion avait été précédée par des commentaires acerbes des ministres allemand, belge, autrichien et néerlandais réaffirmant la nécessité d'une orthodoxie budgétaire, le Premier ministre luxembourgeois a fait savoir que l'Eurogroupe avait été "rassuré" par le président français. "Nous sommes contents de voir la France s'engager dans une phase de réformes profondes et de substance. C'est une bonne nouvelle pour l'Europe. La France ne sera plus jamais le pays de l'immobilisme", a déclaré Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe.