Les deux hommes qui sont venus à la barre de la cour d'assises spéciales de Paris lundi ont dû être extraits de leur cellule pour pouvoir témoigner. Alain Ferrandi et Pierre Alessandri faisaient partie du commando qui a tué le préfet Erignac en 1998. Ils ont pour cela été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité lors d'un premier procès en 2003. Devant les jurés, ils ont tenté d'innocenter Yvan Colonna, considéré par l'accusation comme le tireur de ce commando. Avec des déclarations qui ont parfois semblé à double sens.
A la question d'Yvan Colonna qui l'interpelle depuis le box, d'abord en corse puis en français : "Alain, je te le demande, est-ce que j'y étais ou pas ?", Alain Ferrandi répond sans le regarder : "Je sais que tu es un homme d'honneur et que si tu avais participé à cette action, tu l'aurais revendiquée. Par conséquent, je confirme que tu ne faisais pas partie du groupe".Une disculpation ou un appel voilé à l'honneur de Colonna ? Ferrandi confirme que le groupe qui a fomenté l'assassinat du préfet le 6 février 1998 comptait bien sept membres et que l'un manque donc à l'appel.
Pierre Alessandri a lui affirmé, comme il le fait depuis 2004, qu'il était le tireur : "Je n'ai pas tiré sur un homme, j'ai tiré sur un symbole. Pour pouvoir tuer un homme qui ne m'avait rien fait, il a fallu construire quelque chose, j'ai appelé ça une bulle psychologique" s'est défendu Pierre Alssandri, dédouanant de fait Yvan Colonna d'être le tireur. Le président a lu ensuite les nombreuses dépositions durant lesquelles, devant les policiers puis les juges en 1999 et 2000, il avait livré des détails sur la participation présumée d'Yvan Colonna au crime.
"Vous, au moins, vous assumez", a lancé Philippe Lemaire, l'avocat de la veuve du préfet. Pierre Alessandri, comme Alain Ferrandi, continue en effet à revendiquer "l'entière responsabilité" de son acte qu'il ne qualifie pas d' "erreur". Toutefois, le chef du commando a reconnu que l'assassinat n'avait servi à rien. "Vous aviez raison. Je ne suis pas insensible à votre souffrance" a expliqué Alain Ferrandi à la veuve du préfet Erignac.