Dans une mise en scène bien réglée, retransmise en direct à la télévision russe, Vladimir Poutine a ouvert le Congrès du parti pro-Kremlin Russie Unie en annonçant qu'il acceptait de diriger sa liste aux législatives du 2 décembre. A partir de là, le scénario devient clair : en menant Russie Unie à la victoire, fort de sa forte popularité - avec 70% d'opinions favorables - le président russe se positionne pour rester au pouvoir en devenant Premier ministre, voire président du parti. "Diriger le gouvernement, c'est une proposition parfaitement réaliste, mais il est encore tôt pour y penser", a-t-il d'ailleurs aussitôt ajouté.
Selon la Constitution, Poutine, 54 ans, ne peut se représenter à la présidentielle de mars 2008 après deux mandats successifs. Il pourrait en revanche devenir Premier ministre, avec des pouvoirs forts, en laissant la main à un homme de confiance au Kremlin.
Le nouveau Premier ministre Viktor Zoubkov, un fidèle du chef de l'Etat, a le profil parfait pour ce scénario. Assez âgé (66 ans) et pour l'instant sans envergure politique, il est peu susceptible de lui faire de l'ombre. Il a déjà fait part de ses ambitions présidentielles, même si un autre dauphin peut encore émerger d'ici là.
Interrogée lundi par le New York Post sur d'éventuelles velléités de Vladimir Poutine à se transformer en "dictateur à vie", la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a estimé qu'elle ne pensait pas que l'hôte du Kremlin tenterait de changer la constitution. "Je pense que l'inquiétude en Russie aujourd'hui, c'est la concentration de pouvoir au Kremlin", a-t-elle dit. "Il est tout à fait évident qu'il n'y a aucun contre-pouvoir." La Maison Blanche a refusé de s'exprimer sur le sujet, estimant qu'il s'agissait d'une d'affaire intérieure russe et se contentant de demander des élections libres et démocratiques.