Procès des CRS : "Je ne suis pas parti dans l'intention de violer"

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les soirs et le week-end, en uniforme et arborant leurs insignes, sept CRS du Val d'Oise se rendaient sur les boulevards des maréchaux et utilisaient leur statut pour menacer des prostituées et obtenir leurs faveurs à moindre prix. Trois d'entre eux encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle devant la cour d'Assises de Paris pour "viols aggravés". "Je ne suis pas parti dans l'intention de violer" a raconté l'un des accusés au micro d'Europe 1.

"C'était comme le fait d'avoir des sandwiches à tarif réduit", a raconté l'un des accusés lors de la phase d'instruction. Les sept accusés qui comparaissent à partir de ce vendredi et jusqu'au 14 septembre devant la cour d'Assises de Paris sont des anciens membres de la CRS 7 du Val d'Oise basée à Deuil-la-Barre. Ils étaient normalement affectés à la surveillance d'axes routiers de la périphérie parisienne et des abords du Stade de France. Or, les soirs et le week-end, ils faisaient des heures supplémentaires sur les boulevards des maréchaux à Paris. Et ils menaçaient les prostituées étrangères. Pour obtenir, avec la force de l'uniforme, des faveurs à moindre prix. 11 viols ont été retenus par l'accusation, suite à une dénonciation devant la police des polices en mai 2003. Deux prostituées ont témoigné. Une seule s'est constituée partie civile. Elle a été expulsée dans son pays en avril 2004 mais elle est venue spécialement d'Albanie pour assister au procès à Paris. L'enquête a révélé que la dérive était répandue dans la section. Trois des accusés ont été révoqués de la police et placés en détention provisoire pendant six mois. Les quatre autres ont été laissés libres et suspendus temporairement. "On jouait sur notre qualité de policiers, peut-être qu'eux ne pensaient pas qu'on rigolait" a expliqué au micro d'Europe 1, et sous couvert d'anonymat, l'un des accusés qui reconnaît aussi l'effet de l'alcool et "l'effet de groupe". "Je suis terrifié de passer devant la cour d'Assises. Je suis pas parti dans l'intention de violer, vous pensez bien que si j'avais su que c'était un viol, je ne l'aurais pas fait. J'ai honte de ce que j'ai fait" ajoute-t-il. La première journée du procès ce vendredi doit d'ailleurs être consacrée à l'examen des personnalités. Pour "viols aggravés en réunion par une personne abusant de l'autorité conférée par ses fonctions", trois accusés risquent 20 ans de réclusion criminelle. Les quatre autres doivent répondre de complicité et de non empêchement de crime.