Que va faire François Bayrou ?

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Administrator User , modifié à
Fort des 18,57% de voix glanés lors du premier tour de l'élection présidentielle, qui l'ont placé en troisième place, courtisé à droite comme à gauche, François Bayrou n'a donné pour l'instant aucune consigne de vote pour le 6 mai.

"C'est un seul corps, mais c'est un aigle à deux têtes parce qu'il tourne la tête à gauche et à droite", dit de lui Pierre Giacometti, de l'institut Ipsos. François Bayrou, qui a réuni sur son nom 18,57% des suffrages, devrait en dire plus mercredi lors d'une conférence de presse sur ses intentions pour le deuxième tour. Et il est vraisemblable que le pourfendeur du clivage droite-gauche ne donnera aucune consigne de vote aux 6,7 millions d'électeurs qui lui ont fait confiance dimanche. Pierre Giacometti note que "s'il dit à ses électeurs que l'essentiel c'est de faire battre Nicolas Sarkozy, ça peut avoir une influence". Mais, le politologue ajoute que la neutralité de François Bayrou "est probablement la réaction la plus probable", ne serait-ce que "pour ne pas gêner les proches ou les élus UDF" dans la perspective des législatives des 10 et 17 juin. Sollicité de toutes parts - "ça me fait me gondoler", plaisantait-il dimanche soir avec des journalistes -, François Bayrou devrait donc refuser toute alliance. "Nous ne sommes pas à vendre", déclare dans le Parisien-Aujourd'hui en France sa directrice de campagne, Marielle de Sarnez. Comme il l'avait laissé entendre durant une campagne dont il a été l'une des surprises, François Bayrou pourrait, au contraire, annoncer cette semaine la création d'un nouveau parti réunissant des "démocrates" de tous bords. Le député béarnais considère ce parti à créer comme le "chaînon manquant" de la vie politique française, voire européenne. Le président de l'UDF devrait par ailleurs confirmer son intention de présenter des candidats dans chacune des 577 circonscriptions du pays aux élections législatives de juin. Son camp compte pour l'instant 63 parlementaires (30 députés et 33 sénateurs), dont une partie a décidé de soutenir Nicolas Sarkozy. Mais qui sont les électeurs de François Bayrou qui pourraient faire pencher la balance le 6 mai ? A l'image de stratégie de rassemblement qu'il défend, l'élu béarnais est allé les chercher des deux côtés de l'échiquier politique, en plus de sa base centriste. Ceux de la gauche l'ont rejoint "parce qu'ils n'ont pas trouvé satisfaction dans le discours et dans le positionnement de Ségolène Royal", estime Pierre Giacometti. Pour lui, son score démontre aussi "l'incapacité de l'UMP, depuis cinq ans, à marginaliser l'UDF". D'après une enquête Ifop-Fiducial réalisée auprès des électeurs de François Bayrou, 54% ont l'intention de voter pour Nicolas Sarkozy le 6 mai et 46% pour Ségolène Royal. Etienne Guffroy (avec Reuters)