Seine-Saint-Denis : population-police, un rapport accablant

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les relations se sont particulièrement dégradées entre la police et la population de Seine-Saint-Denis. C'est le constat d'un rapport de l'INHES, l'Institut national des hautes études de sécurité. Ségolène Royal a sommé samedi Nicolas Sarkozy de mettre en application les conclusions de ce rapport, un document "caché" pendant des mois pour ne pas "dire les vérités qui dérangent" pendant la présidentielle.

"Les relations actuelles entre la police nationale et la population" en Seine-Saint-Denis "sont difficiles et empreintes de tensions évidentes". Un rapport de l'Institut national des hautes études de sécurité (INHES) dresse un constat accablant des relations police-population dans le 93. Rapport qui parle d'"un climat d'insécurité permanent", qui risque même de s'envenimer. Les auteurs évoquent une "déferlante de violence" avec un "nombre croissant de mineurs" mis en cause dans la délinquance, une "dégradation", voire "parfois une césure" police/population. Deux mois d'études et de rencontres avec des acteurs municipaux, policiers et magistrats de Seine-Saint-Denis ont été nécessaires. Le rapport a été finalisé en décembre 2006. Ses auteurs se sont concentrés sur quatre communes, et notamment Montfermeil ou Clichy-sous-Bois. Une partie de l'étude revient sur les violences urbaines de 2005. Les autorités n'ont pas analysé ce qui s'est passé à ce moment-là. En revanche, constate le rapport, la police de proximité, a eu des "effets positifs incontestables" dans certains des quartiers sensibles. Le rapport est désormais sur le bureau de Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur. En déplacement dans l'Essonne samedi, Ségolène Royal a réagi à ce document "caché" pendant des mois pour ne pas "dire les vérités qui dérangent" pendant la présidentielle. Et elle a sommé Nicolas Sarkozy de mettre en application les conclusions de ce rapport. "Le préfet avait déjà tiré la sonnette d'alarme il y a un an et le ministre de l'Intérieur à ce moment-là, qui est l'actuel président de la République, l'avait réduit au silence", a déclaré l'ex-candidate socialiste à l'Elysée. "Je pense d'abord que ce rapport a été caché parce qu'il établissait des réalités qui n'étaient pas bonnes à dire. Je crois aussi que le bilan dont il (Nicolas Sarkozy, ndlr) s'est targué est beaucoup moins bon que ce qu'il a dit", a-t-elle poursuivi en pleine visite de la "Fête des mômes" à Sainte-Geneviève-des-Bois, fief de Julien Dray en campagne pour les législatives. Le rapport "prouve très clairement que la police de quartier et la police de proximité sont des solutions pour établir l'ordre juste", a-t-elle estimé, reprenant ainsi l'un de ses principaux slogans de campagne. Et d'ajouter : "je demande au président de la République d'abord pourquoi ce rapport a-t-il été caché si longtemps et quelles sont les décisions qui vont être prises sans tarder pour rétablir des moyens aux fonctionnaires de police". "Peu importe le passé ce qui est important c'est le présent et l'avenir et moi je veux être dans une opposition constructive", a expliqué la présidente de Poitou-Charentes, réclamant que "toutes les conclusions" du rapport "soient retenues" - notamment l'ouverture la nuit des commissariats - "pour rétablir le lien de confiance entre la police et la population". Elle a également évoqué de nouvelles formes de recrutement et de formation des policiers pour qu'il n'y ait pas "de peur des uns des autres" ainsi qu'une "éducation des jeunes" au respect de la police et de la justice. "Des règles peuvent être apprises dès l'école primaire."