Plusieurs groupes d'opposition à l'Assemblée ont dénoncé mardi le vote "en catimini" et "pas digne" du projet de loi asile et immigration, dans la foulée de la fin des débats, probablement dans la nuit de vendredi à samedi dans l'hémicycle.
Suivis par d'autres groupes, les communistes ont réclamé en conférence des présidents de l'Assemblée un "vote solennel en bonne et due forme" sur l'ensemble du texte, comme il est de coutume après une première lecture, et ce, après la coupure des vacances de printemps.
"LREM et l'Assemblée préfèrent la fronde". Mais "la majorité LREM et le président de l'Assemblée nous le refusent parce qu'ils préfèrent que la fronde, ou l'absence d'unanimité entre eux, se voient le moins", a estimé l'une des porte-parole des députés PCF, Elsa Faucillon, selon qui "l'humanité et la fermeté sont surtout des concepts marketing pour mieux envelopper un projet de loi profondément répressif" et "accompagné de certains mots empruntés à l'extrême droite, comme la submersion".
Un vote vers 3h-4h du matin. Malgré leurs positions divergentes sur ce texte porté par le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, le chef de file LR Christian Jacob et un porte-parole des députés PS, Boris Vallaud, ont tous deux déploré un scrutin "en catimini", peut-être "vers 3h-4h du matin", voire dans la journée de samedi si les débats se prolongent sur le millier d'amendements. "Peut-être que ça arrange le gouvernement, mais le sujet est trop important pour se faire dans un hémicycle clairsemé" et "ce n'est pas très respectueux du Parlement", selon le responsable socialiste.
Les "plus déterminés" sont là de nuit. "L'argument du gouvernement est que cela repousserait de 15 jours la transmission du texte au Sénat" en cas de vote solennel seulement le 9 mai, a expliqué le co-président des députés UDI-Agir-Indépendants, Franck Riester. "Par expérience, ce sont les plus déterminés qui sont là" de nuit et "le plus difficile pour le groupe majoritaire sera peut-être de faire venir ceux dans la ligne", a-t-il glissé.
"Ce n'est pas digne". Ce vote en fin de semaine "sur un texte pareil, parce qu'on n'a pas pensé qu'on était en vacances la semaine prochaine, ça n'est pas digne", selon l'orateur de ce groupe, Michel Zumkeller. "Le résultat (positif du vote) sera le même", mais pas "l'image", avec 50 ou 100 députés dans l'hémicycle, anticipe cet élu du Territoire-de-Belfort. Les députés présents pourront recevoir une délégation de vote chacun.
CFDT et CGT tirent à boulets rouges sur le projet de loi
Le projet de loi "asile et immigration", débattu à l'Assemblée, va "renforcer la vulnérabilité" des migrants, a dénoncé mardi la CGT, tandis que la CFDT a accusé l'exécutif de "cultiver la peur de l'étranger" pour imposer une "politique sans perspective". "Le projet du gouvernement est marqué par la suspicion vis-à-vis des migrants, la pénalisation est attentatoire aux libertés fondamentales", estime la CGT dans un communiqué. Cette politique "engage le service public comme ses agents dans une politique mécanique aussi impuissante qu'incohérente", déplore de son côté la CFDT. Le syndicat "s'inquiète de voir qu'on cultive la peur de l'étranger pour tenter d'imposer un 'consensus' autour d'une politique sans perspective".
Le premier syndicat du secteur privé réclame un "débat rationnel" sur la question migratoire.