C'est l'autre primaire. Coincée entre celle de la droite et celle de la gauche. Pourtant, en catimini, la primaire citoyenne de LaPrimaire.org arrive au bout du projet qu'elle avait initié en octobre 2015 : présenter un candidat citoyen à la présidentielle de 2017. Un homme ou une femme choisi(e) par les Français, en dehors de tout parti politique. Après plusieurs tours de qualification, ils ne sont désormais plus que cinq finalistes. Déjà une réussite alors que les deux autres primaires citoyennes - La Vraie Primaire et La Primaire des Français - ont abandonné en cours de route.
Sur les 500 candidats déclarés en avril, 215 ont présenté un programme. Les internautes ont ensuite apporté leur soutien à leur candidat préféré. En juillet, seize d'entre eux avaient rassemblé les 500 soutiens nécessaires pour se qualifier pour le prochain tour. Ceux là ont ensuite participer à une dizaine de débats participatifs dans des petites salles de grandes villes de France. Avec une idée en tête : faire de la politique autrement et raviver la flamme de la démocratie.
Qui sont les finalistes ?
A l'issue d'un nouveau vote en novembre, deux femmes et trois hommes ont été désignés pour être les finalistes. Le vote pour élire le candidat citoyen s'est ouvert le 15 décembre, toujours en ligne et dure jusqu'au 30 décembre. Le vainqueur sera annoncé le soir même. Les internautes ont le choix entre :
- Charlotte Marchandise, formatrice de 42 ans, Ille-et-Vilaine
- Roxane Revon, professeur et metteur en scène, 30 ans, Paris
- Nicolas Bernabeu, médecin, 30 ans, Corse du Sud
- Michel Bourgeois, avocat, 59 ans, Alpes-Maritimes
- Michael Pettini, médecin généraliste, 42 ans, Lot-et-Garonne
A la lecture des différents programmes - détaillés par catégories : société, institutions, planète, économie... -, on s'aperçoit que les candidats ne sont pas tellement différents les uns des autres. Tous veulent moderniser les institutions et remettre l'humain au centre. Trois d'entre eux veulent réviser la Constitution, donc passer à une Vème République. Quatre candidats sont pro-européens. Deux sont favorables à l'instauration d'un revenu universel et tous ont des mesures en faveur de l'environnement. Des comparateurs existent, notamment celui de Voxe.
Pour le 2nd tour de @democratech, comparez les programmes des 5 candidats restants par là https://t.co/IHQAHziYEDpic.twitter.com/1G1mnn8zab
— Voxe.org (@Voxe) 15 décembre 2016
Comment voter ?
Au fil des mois, les organisateurs de la primaire ont atteint l'un de leurs objectifs : réunir plus de 100.000 participants, condition nécessaire pour avoir une légitimité. Mi-décembre, 110.000 personnes étaient inscrites sur la plateforme. Il est encore possible de s'inscrire afin de voter pour les finalistes. La procédure est simple : il suffit de renseigner son nom et son adresse mail pour obtenir son lien de vote personnel.
Il ne s'agit cependant pas d'un vote classique. Les internautes ne choisissent pas leur candidat préféré mais donnent à chacun des cinq finalistes une appréciation : "très bien", "bien", "assez bien", "passable" et "insuffisant". Le vainqueur sera celui ou celle qui obtiendra la meilleure mention chez plus de 50% des votants. Autrement dit, un candidat avec plus de 50% de "bien" mais 5% de "très" bien" l'emporte sur un opposant qui aurait recueilli 30% de "très bien" et 20% de "bien".
Ce scrutin présente un intérêt : les candidats étant anonymes, impossible de les noter sur leur notoriété, comme c'est parfois le cas lors des primaires des grands partis. Les organisateurs espèrent donc que les votants prendront le temps de consulter dans le détail les programmes des candidats.
Et après ?
Début janvier, le vainqueur de la primaire citoyenne entamera la deuxième partie de sa campagne : rassembler les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à l'élection présidentielle. Un objectif élevé pour un candidat inconnu du grand public. Mais pas impossible non plus : les organisateurs - un avocat et un ingénieur - visent les 18.000 maires non-encartés de France. Si parmi eux, un maire sur 36 donne sa signature, cela sera suffisant pour envoyer le candidat citoyen au premier tour de l'élection présidentielle.
Pour le soutenir, la primaire citoyenne se transformera en parti politique éphémère, afin d'être en mesure de mener une petite campagne. Elle est financée par les dons des internautes et c'est là que le bât blesse. Sur les 300.000 euros fixés comme objectifs, la plateforme n'a collecté que 29.000 euros pour le moment. Pas de quoi inquiéter David Guez, l'un des organisateurs : "même si on n’y arrive pas (à avoir un candidat en mai, ndlr), notre démarche reste pertinente. C’est le début d’un chemin", assure-t-il à Ouest France. Il n'exclut pas en effet de présenter des candidats aux législatives, élection qui ne requiert pas de parrainages.