Le plan de communication d'Alexandre Benalla, mis en examen après la révélation de vidéos le montrant interpellant violemment des manifestants alors qu'il était collaborateur de l'Élysée et non membre des forces de l'ordre, est désormais rodé et lui a permis de donner moult fois sur sa version des faits. Selon lui, il a bien "fauté", fait une "grosse bêtise", mais sans commettre d'actes délictueux ("vigoureux", mais pas "violent", répète-t-il d'interviews en plateaux télévisés).
Dans Le JDD, le jeune homme, qui se dit "impulsif" mais "pas violent", estime que toute l'affaire pourrait bien avoir été montée par une "haute hiérarchie policière" qui lui en veut.
Des gens "que j'ai dérangés". "Dans le monde du pouvoir, on aime les gens bien formatés et qui la ferment. Moi, j'ai toujours eu tendance à l'ouvrir. On me l'a fait payer", explique-t-il à l'hebdomadaire du septième jour. Son parcours atypique et ses origines modestes (il a grandi dans un quartier défavorisé d'Évreux, correspond assez bien à l'image du self-made man, a préféré s'engager dans la sécurité privée plutôt que passer de grands concours) ont, selon lui, déplu à certains. Mais à qui ? "Dans la haute hiérarchie policière, il y a des gens qui gèrent leurs intérêts, leur carrière, et que j'ai dérangés. Par ma faute, je leur ai donné une occasion ; ils ont sauté dessus pour m'écarter", raconte Alexandre Benalla. "J'ai souvent vu des officiers ou des hauts fonctionnaires ne pas supporter qu'un jeune rebeu leur fasse des recommandations."
Une "opposition nette au ministère de l'Intérieur". Si le jeune collaborateur élyséen a "dérangé", ce n'est d'ailleurs pas uniquement en raison de sa personnalité. Selon lui, son rôle au sein d'un "comité de pilotage" chargé de réorganiser les différents services de protection d'Emmanuel Macron a été le déclencheur des inimitiés. Car, du côté des services de Beauvau, on ne voulait visiblement pas entendre parler de sa principale proposition : la création d'un service de protection présidentiel autonome, et non plus sous la tutelle du ministère de l'Intérieur. "Il y avait des incohérences dans le système qu'il fallait corriger", explique Alexandre Benalla. "On a formé des groupes de travail. Mais il y a eu une opposition nette au ministère de l'Intérieur. Dès qu'il a fallu discuter avec eux, tout s'est bloqué."
Alexandre Benalla réagit à la vidéo de Libération
Lorsqu'il avait été interrogé vendredi soir au 20 Heures de TF1, Alexandre Benalla ne s'était pas exprimé sur une seconde vidéo postée plus tôt dans la journée par Libération, qui le montrait en compagnie de Vincent Crase et du major Mizerski interpeller d'autres manifestants, trois heures avant les événements de la place de la Contrescarpe. Et pour cause : l'interview avait été enregistrée.
C'est chose faite dans Le JDD : "J'étais derrière les policiers en tant qu'observateur", justifie-t-il. "On peut le voir distinctement, je n'ai ni casque, ni brassard, ni radio. Aucune intervention de ma part à ce moment-là." De fait, sur la vidéo, il apparaît clairement que le jeune homme ne portait pas de casque. Impossible en revanche de distinguer s'il est doté d'un brassard "police" ou d'une radio. En revanche, Vincent Crase, ce gendarme réserviste qui collaborait lui aussi avec les services élyséens, porte bien un brassard. Or, il était lui aussi supposé n'être qu'observateur.