Un moindre mal. Après l'expulsion jeudi du Bois Lejuc des militants hostiles à la construction d'un site d'enfouissement de déchets nucléaires à Bure, Sébastien Lecornu, secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire s'est rendu sur place pour écouter les doléances des élus locaux et des associations opposés à ce projet. "L'enfouissement en couche géologique profonde […] est la solution la moins pire qui a pu être trouvée par un certain nombre de pays", dont la France, plaide-t-il vendredi au micro de la matinale d'Europe1.
Des déchets radioactifs pour au moins 100.000 ans. "Le risque a été pris par les générations antérieures qui ont fait le choix du nucléaire. Aujourd'hui, que l'on soit pour ou contre l'énergie nucléaire, il nous faut trouver une solution pragmatique pour des déchets qui existent déjà", actuellement stockés en surface à La Hague, a-t-il voulu rappeler. Encore à l'état de projet, le site de Bure, qui pour l'heure n'accueille qu'un laboratoire de recherche, pourrait donc servir d'entrepôt souterrain à des produits radioactifs pour une durée de 100.000 ans "au bas mot", souffle Sébastien Lecornu. Néanmoins, et à condition que la construction soit validée, les premiers colis de déchets ne sont pas attendus avant 2030, précise-t-il.
Nicolas Hulot "s'en serait bien passé". Alors que Nicolas Hulot a pu, par le passé, afficher son opposition au projet, Sébastien Lecornu assure que son ministre de tutelle s'est finalement rangé à la solution la plus éco-responsable. "Il est normal et pragmatique de se poser la question des déchets", explique-t-il. "Nicolas Hulot est pragmatique depuis sept mois. Il voit bien qu'il y a une difficulté. Il souhaite que l'on puisse continuer à faire des recherches sur la question de l'enfouissement profond des déchets, même s'il s'en serait bien passé", assure le benjamin du gouvernement".
Des opposants légaux et illégaux. Sébastien Lecornu se dit prêt à entendre toutes les oppositions "légales", tout en se félicitant de l'évacuation jeudi, par 500 gendarmes, d'une quarantaine de militants installés sur place sans autorisation. "Je suis disponible pour l'ensemble des opposants légaux à ce projet qui est un projet de long cours, qui n'est pas pour tout de suite. J'ai déjà reçu, avec Nicolas Hulot, un certain nombre d'associations contre ce projet. Et puis il y a les opposants illégaux, ceux qui ont pris le chemin de la délinquance pour s'opposer à ce projet ou qui se servent de ce projet comme un prétexte pour être délinquants. Évidemment, il y a des décisions de justice qu'il fallait appliquer", soutient-il.
"Les élus locaux et les associations qui sont contre le projet ne sont pas assimilables à des militants de l'ultra-gauche qui ont choisis la radicalité et la délinquance", défend Sébastien Lecornu. "On n'est pas sur des militants écologistes qui réfléchissent sympathiquement à l'avenir de la planète au fond du bois Lejuc, on est sur des gens qui ont été violents sur les gendarmes, c'est pour ça qu'il y aura probablement des réponses pénales".
La leçon de Notre-Dame-des-Landes. Pour l'exécutif, tout l’enjeu est d'éviter que l'opposition ne se radicalise, et surtout, ne s'enkyste sur place, comme à Notre-Dame-des-Landes. "L'objet de l'opération d'hier matin est de faire en sorte que Bure ne devienne pas une ZAD", assume Sébastien Lecornu, qui indique que les forces de l'ordre vont continuer à tenir la zone "pour un certain temps". "Si les opposants choisissent de revenir dans ce bois Lejuc, ou ailleurs, l'Etat sera là. Et nous serons là autant de fois qu'il sera nécessaire d'être présent. C'est important et c'est sûrement un virage dans ce début quinquennat par rapport au passé. Nous l'assumons avec le président et le Premier ministre, mais on ne peut pas avoir des dossiers difficiles pollués par des problèmes d'ordre public"", conclut-il.