Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a estimé mercredi devant l'Assemblée nationale qu'"il ne peut y avoir de prières de rue" à Clichy-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine, mais que les musulmans de cette ville devaient "avoir un lieu de culte décent".
"J'ai (...) demandé au préfet de prendre contact avec à la fois les élus de Clichy-la-Garenne et en même temps avec la communauté musulmane afin que le problème soit résolu", a indiqué le ministre chargé des cultes en réponse à une question du député apparenté FN Gilbert Collard.
Des prières devant la mairie depuis mars. Des fidèles musulmans protestent depuis mars contre la fermeture de leur lieu de culte dans le centre de Clichy, accusant le maire de ne pas leur proposer de terrain adapté pour qu'ils puissent y construire un nouveau local. Le maire argue, lui, qu'une mosquée existe déjà dans le nord de la commune et peut les accueillir, ce qu'ils contestent arguant qu'elle est excentrée, mal desservie par les transports en commun et trop exiguë.
La communauté musulmane doit avoir "un lieu de culte décent". La situation s'est envenimée vendredi dernier lors du rassemblement d'une centaine d'élus ceints de leur écharpe tricolore et tentant d'empêcher les fidèles de faire leur prière dans la rue. "Il ne peut pas y avoir de rue, mais en même temps il convient que les musulmans de Clichy-la-Garenne puissent avoir un lieu de culte décent", a fait valoir Gérard Collomb lors de la séance de questions au gouvernement. "C'est cela la laïcité à la française, celle que décrivait Aristide Briand lorsqu'il disait que la loi de 1905 était une loi de liberté: liberté de croire ou de ne pas croire, liberté de pratiquer le culte de son choix, pourvu que ce soit dans le respect de l'ordre républicain. C'est ce que veut faire le gouvernement", a martelé le ministre d'État.
Un tract antisémite produit par des fidèles musulmans, selon le maire de Clichy
Gérard Collomb a évoqué les "tracts antisémites" que le maire de Clichy, Rémi Muzeau (LR), dit avoir fait récupérer dans la rue en laissant entendre qu'ils émanaient de fidèles musulmans. L'Union des associations musulmanes de Clichy (UAMC) avait annoncé une plainte en justice contre l'édile pour diffamation et incitation à la haine raciale. "J'ai demandé évidemment une enquête immédiatement, et il apparaît que la personne qui avait distribué ces tracts visait à discréditer la communauté musulmane et ne faisait pas partie de cette communauté", a indiqué le ministre de l'Intérieur, ajoutant: "Comme quoi la vérité peut être un peu plus complexe qu'on ne la décrit".