C'est LE duel final entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Mercredi soir, pendant plus de deux heures, les deux qualifiés pour le second tour de l'élection présidentielle se rendront coup pour coup lors du débat télévisé. Comment les deux finalistes s'y sont-ils préparés ? Qu'ont-ils prévu ? Et qu'attendent-ils exactement de ce débat ?
Exploiter les failles psychologiques de Macron. La candidate du FN, elle, a un objectif bien précis en tête. En effet, son équipe aurait trouvé une puissante faille psychologique chez Emmanuel Macron. "Il ne supporte pas la contradiction", selon eux. "Il a toujours besoin d'être aimé, adulé, de ne rencontrer aucune opposition", assurent-ils. En privé, Marine Le Pen le compare à son fils, qui tapait sur la table ou se roulait par terre dès qu'on le contrariait. Elle va donc tenter de le faire sortir de ses gonds, en l'interrompant un maximum dès le départ. Des attaques frontales, comme "il n'en a pas l'habitude", promet-elle.
Afficher une image de sérénité. Marine Le Pen, elle, assure être parfaitement préparée : "depuis des années, chaque interview est un débat". Dans ce duel, elle essaiera de sourire le plus souvent possible, et de parler plus lentement que d'habitude. Parfois, le débit de la frontiste s'emballe, elle en a conscience. L'objectif est donc d'apparaître sereine et agréable.
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Macron prépare la guerre. Du côté de son adversaire, la stratégie est aussi calée. Et il ne faudra pas s'attendre à ce qu'Emmanuel Macron prenne de la hauteur, se place au-dessus du combat. Ce combat, il le veut, et il le prépare soigneusement depuis quelques jours. Le fondateur d'En Marche! est même impatient de se confronter à Marine Le Pen, de lui démontrer qu'il n'est pas un petit jeune arrivé par hasard. Il veut cogner. Lundi, l'un de ses porte-paroles refusait de divulguer des détails techniques sur cette préparation. "Quand on va à la guerre, on ne révèle pas à l'avance son plan de bataille", balaye-t-il. Plus de doute : pour l'équipe d'Emmanuel Macron, c'est la guerre.
Des attaques sur le fond. L'objectif d'Emmanuel Macron est de détruire la crédibilité de son adversaire. Le candidat veut démolir son programme économique. Fort de son étiquette d'ancien ministre de l'Economie, Emmanuel Macron n'hésitera pas à entrer dans le détail des mesures frontistes, y compris les va-et-vient des derniers jours sur l'euro. Il voudra ainsi prouver aux Français qu'ils ont plus à perdre qu'à gagner avec le FN au pouvoir. Deuxième axe de bataille : détruire la crédibilité de Marine Le Pen sur l'aspect régalien. "Comment peut-on prétendre remettre la France en ordre quand on est soi-même visé par une enquête, et qu'on refuse de se soumettre aux convocations des policiers ?", glisse un membre de l'équipe d'Emmanuel Macron.
… Et des ripostes. "Ces attaques, on les a toutes anticipées", répond l'équipe de Marine Le Pen. "La sortie de l'euro, il va falloir régler ça en quelques phrases. Ne surtout pas s'y perdre", affirme-t-elle. Quant aux affaires, la candidate a déjà répondu à cette question une cinquantaine de fois dans les médias… Et elle semble s'en moquer. Marine Le Pen s'attend aussi à être accusée de racisme, de xénophobie. Et si Emmanuel Macron la qualifie "d'héritière de Montretout", elle le nommera "l'héritier de François Hollande". Coup contre coup. Elle compte aussi le titiller sur ses relations avec les grands patrons, mais aussi son projet de lutte contre le terrorisme. "Dans un face à face, la lumière joue contre Macron. Il ne peut plus se planquer derrière ses formules creuses", affirme-t-elle.
Tics de langage, passé ou entourage. Sur la forme, les équipes des deux candidats sont aussi à l'oeuvre. Si du côté d'En Marche!, on prétend qu'Emmanuel Macron n'a pas besoin d'entraînement, la préparation est tout de même minutieuse. Son équipe de campagne lui a en effet ressorti des extraits des deux précédents débats, ses passes d'armes avec Marine Le Pen, mais aussi des débats plus anciens, comme celui où la candidate FN avait affronté Arnaud Montebourg sur un plateau de télévision, il y a quelques années. Marine Le Pen, elle, ne regarde pas la télé. Elle a demandé à des conseillers de lui fournir des notes sur les autres débats de l'entre-deux tours, sur chacun des discours de son adversaire. Mais aussi sur ses tics de langage, son passé, son entourage… Jusqu'aux dernières heures avant le débat, elle recevra, à son QG de campagne, chacun de ses conseillers pour noircir des fiches bristol… qu'elle n'emmènera pas sur le plateau du débat.
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