Un large éventail de politiques, mais sans Marine Le Pen ni Jean-Luc Mélenchon. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) tient mercredi soir son très couru dîner annuel, avec la présidentielle et le "rejet des extrêmes" en toile de fond.
Hollande, Hamon, Fillon et Macron présents au dîner du Crif. Le chef de l'Etat François Hollande, les présidents des deux chambres du Parlement (Claude Bartolone et Gérard Larcher) et plusieurs ministres dont Bruno Le Roux (Intérieur) ont répondu à l'invitation de Francis Kalifat, dont ce sera le premier dîner comme président du Crif, vitrine politique de la première population juive d'Europe (un demi-million de personnes).
Au moins trois candidats déclarés à l'élection présidentielle ont annoncé leur venue : François Fillon, Emmanuel Macron et Benoît Hamon. Et si le Premier ministre Bernard Cazeneuve n'en est pas, c'est uniquement parce qu'il est retenu en Chine, où il a entamé mardi une visite officielle de trois jours.
Plus de 700 invités. Au total, environ 700 invités sont attendus dans un grand hôtel parisien pour ce 32ème dîner, qui s'est installé comme un rendez-vous sans équivalent par son pouvoir d'attraction de responsables politiques, ambassadeurs, dignitaires religieux, chefs de grandes entreprises ou personnalités des médias.
"Cela reste un grand moment d'unité républicaine avec, cette année, une saveur particulière liée aux échéances électorales à venir et au contexte mondial", explique Francis Kalifat.
Les responsables de la communauté juive inquiets face au FN. Les responsables communautaires juifs ne cachent pas une certaine appréhension à l'approche de la présidentielle, avec une candidate du Front national qui caracole en tête des sondages en vue du premier tour.
"Autour du FN, on doit maintenir le cordon sanitaire, ne pas faire sauter le verrou moral", estime Francis Kalifat. Le Crif a d'ailleurs vivement condamné la récente rencontre entre des responsables frontistes et "un groupuscule au nom pompeux", la Confédération des Juifs de France et amis d'Israël. Une nouvelle fois, la présidente du FN, Marine Le Pen, n'a pas été invitée au dîner, de même que les représentants de la gauche radicale, parmi lesquels le candidat de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon.
Le rejet des extrêmes au menu du dîner du Crif. "Ce sera un des thèmes importants du dîner : le rejet des extrêmes. Bien sûr du FN et de l'extrême droite, mais aussi de l'extrême gauche. Toutes deux véhiculent la haine : d'un côté le rejet de l'étranger, de l'autre la délégitimation d'Israël", affirme le président du Crif.
Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a également appelé, dans les urnes, à "faire barrage aux extrêmes, qui sont toujours dangereux pour la voie de la sagesse, celle de l'équilibre", a-t-il confié au Figaro de mardi.
Les écolos n'ont pas des positions "claires". Le candidat EELV Yannick Jadot, lui non plus, ne s'assoira pas à la table du Crif. "Les écologistes ont des positions qui ne sont pas claires, notamment à l'endroit du boycott anti-israélien qui, je le rappelle, est illégal", tranche Francis Kalifat.
Les autorités communautaires abordent cependant le dîner avec un vrai motif de "satisfaction": une nette baisse des actes antisémites (-58,5%) entre 2015 et 2016. Même si "ces statistiques ne tiennent pas compte de ce nouvel antisémitisme qui circule sur internet", tempère le président du Crif, qui attend "qu'on trouve le moyen de supprimer les contenus" haineux sur la Toile.
Les juifs ont retrouvé "leur place dans la communauté nationale" selon le Crif. Le ton a indéniablement changé depuis le dernier dîner annuel. En mars 2016, Roger Cukierman évoquait "le sentiment angoissant" des Français juifs "d'être devenus des citoyens de deuxième zone", dans un pays sonné par les attentats de 2015 et le maintien d'un niveau préoccupant de haine antijuive. "Nous avons retrouvé notre place dans la communauté nationale", se réjouit, un an après, son successeur à la tête du Crif.