On est passé du "tout sauf Valls" au "tout sauf Hamon". Les concurrents de l’ancien ministre de l’Education nationale n’ont pas manqué de remarquer la dynamique dont Benoit Hamon bénéficie dans la course pour la primaire, et ont donc essayé de la stopper jeudi soir. Tous se sont lancés à l’assaut du revenu universel, l’une des principales mesures de son programme. "Je ne veux pas d’une gauche qui fait des propositions à crédit pour perdre son crédit", a martelé Manuel Valls.
"La gauche qui fait des promesses et qui déçoit". De leur côté, Vincent Peillon et Arnaud Montebourg ont dénoncé une mesure utopiste. "Trente ans d’engagement à gauche me fait craindre la gauche qui fait des promesses, et qui le lendemain déçoit", a déclaré le premier, quand le second a mis en garde contre le retour de bâton : "On sait comment, dans notre famille politique, on raisonne. On dit : 'on va prendre aux riches', et puis finalement c’est un coup de bambou fiscal pour les classes moyennes et populaires. Pour ma part, je préfère une stratégie ciblée".
Ligne de fracture. "Tu n’as pas le droit de dire ça, ce n’est pas sérieux", lâche, entre les dents, Benoît Hamon, avant de riposter. "Je vois que j’ai beaucoup d’idées nouvelles qui font réagir mes petits camarades".
Avec ce troisième débat, les concurrents ont enfin eu leur grande explication, car c'est bien de la fracture entre une gauche réaliste et visionnaire d'un côté, et une vision idéaliste et égalitaire de l’autre, dont il a été question. Cette division, qui mine le socialisme français depuis longtemps, pourrait bien trouver une réponse les 22 et 29 janvier.