Démission de Nicolas Hulot : "Il était épuisé par ce travail", confie Yann Arthus-Bertrand

  • Copié
Anaïs Huet , modifié à
Au lendemain de la démission surprise de Nicolas Hulot, c'est le portrait d'un ministre désabusé, épuisé, mais aussi courageux que dresse son ami écologiste Yann Arthus-Bertrand, au micro de Nikos Aliagas.
INTERVIEW

"Il avait choisi un poste difficile, un boulot impossible, et il a essayé de le faire avec courage." Vingt-quatre heures après l'annonce de la démission de Nicolas Hulot, Yann Arthus-Bertrand partage la même déception qui semble avoir poussé le ministre à claquer la porte. Il s'en est ouvert à Nikos Aliagas, mardi, en exclusivité sur Europe 1.

"Il devait se sentir un peu inutile". Si cette démission a surpris le monde politique, le documentariste et photographe, lui, ne peut que la comprendre. "Je pense que quand on choisit comme ministre de l'Ecologie quelqu'un de la société civile, qui connait bien ses dossiers, qui a des convictions accrochées au cœur, au ventre, qui sait de quoi il parle, et qu'il se retrouve devant ce monde politique inconnu pour lui, avec des lobbys, des pressions de l'agriculture ou de l'énergie… il devait se sentir un peu inutile, et certainement déçu", analyse Yann Arthus-Bertrand. 

>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

"En désaccord permanent avec ses conditions profondes". Le président de la fondation GoodPlanet liste les déconvenues, les couleuvres avalées par son ami : le glyphosate bien sûr, mais aussi le bio dans les cantines, et la biodiversité exposée à son propre péril. "Dans notre pays, on est dans une espèce de religion de la croissance, et ce n'est pas bon pour l'environnement", observe le réalisateur de La Terre vue du ciel. Pour Nicolas Hulot, le cadeau offert par Emmanuel Macron aux chasseurs a sans doute été la goutte de trop. "Etre en permanence en désaccord avec ses convictions profondes, et être tout le temps dans la discussion et le combat, c'est épuisant. Il avait sans doute l'impression de ne pas assez avancer", estime encore son ami. "Nicolas Hulot nous l'avait dit : il était épuisé par ce travail."

Les 5 couleuvres que Nicolas Hulot a dû avaler

Sa popularité "sous-estimée". Pourtant, à en croire l'écologiste de 72 ans, le désormais ex-ministre avait toutes les cartes en main pour renverser la table et faire gagner ses idées. "Je pense que Nicolas Hulot a sous-estimé la puissance de l'opinion publique qu'il avait derrière lui, et qu'il ne s'en est pas assez servi. C'était le ministre le plus populaire, il savait de quoi il parlait", juge-t-il.

"Ce matin, je suis triste car je ne vois pas très bien qui va remplacer Nicolas". Ce successeur, Yann Arthur-Bertrand l'assure : ce ne sera pas lui. "Je n'en serais pas capable. Je suis peut-être un très bon réalisateur et photographe, mais certainement pas un bon ministre."