François Hollande a confirmé jeudi avoir saisi le Conseil constitutionnel à propos de la loi renseignement, adoptée définitivement par le Parlement mercredi soir. Il n'est pas le seul. 106 députés ont eux aussi décidé de saisir les Sages sur ce texte controversé. Pour l'occasion, on a vu une image étonnante à l'Assemblée nationale : une conférence de presse commune tenue par des députés que l'on a plutôt l'habitude de voir s'invectiver dans l'hémicycle. Il est vrai que la saisine des Sages a fédéré des élus de plusieurs camps : au groupe Les Républicains (LR), à l'UDI et au MoDem, mais aussi chez Ecologie-Les Verts et même au Front national.
Les clivages traditionnels sautent. "C'est une saisine transpartisane, de l'extrême droite à l'extrême gauche de l'Hémicycle", explique au micro d'Europe 1 la députée LR Laure de La Raudière, qui a rassemblé les signatures. Pour elle, sur un texte qui touche à l'équilibre entre sécurité et liberté, il est normal de dépasser les clivages traditionnels. Les nouvelles révélations de WikiLeaks sur les écoutes de la NSA lui fournissent d'ailleurs un argument supplémentaire : "on ne peut pas d'un côté s'indigner de ce que font les Etats-Unis et voter ce qui est un peu l'équivalent du Patriot Act américain dans la loi française", insiste Laure de La Raudière.
"Ce texte est attentatoire à nos libertés". Gilbert Collard, lui, semble ravi d'annoncer que les deux députés FN participent eux aussi à ce recours. "Marion Maréchal Le-Pen et moi même avons signé cette saisine, au-delà des divergences d'idées qui peuvent légitimement nous opposer dans une démocratie, parce que nous considérons que ce texte est attentatoire à nos libertés", expose l'avocat à la presse.
Hollande aussi doit saisir les Sages. Exception notable : pas un seul député socialiste ne figure parmi les signataires. Au PS, ceux qui sont contre la loi renseignement estiment que la saisine du Conseil constitutionnel par François Hollande suffira à vérifier que le texte est conforme - ou pas - à la Constitution. Dans tous les cas, la balle est désormais dans le camp des Sages de la rue de Montpensier.