ÉDITO - "Gilets jaunes" : pour Jean-Michel Aphatie, de nouvelles violences "ouvriraient une crise politique"

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Jean-Michel Aphatie, édité par Marthe Ronteix , modifié à
Pour notre éditorialiste Jean-Michel Aphatie, les violences qui ont émaillé la manifestation des "gilets jaunes" samedi ont jeté le discrédit sur le gouvernement.
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L'"acte 18" des "gilets jaunes" a été marqué par des violences et des dégradations commises sur les Champs-Élysées samedi. Lundi, l'éditorialiste d'Europe 1 Jean-Michel Aphatie s'interroge sur la mission de maintien de l'ordre du gouvernement.

Des violences mal anticipées. Étant donné les dégâts occasionnés par les casseurs samedi, le gouvernement a-t-il failli à sa mission ? "Oui, et c'est même le président de la République qui l'a dit avec colère", assure Jean-Michel Aphatie. Lorsque le président s'est rendu au PC de sécurité de la place Beauvau, après être rentré précipitamment de son séjour au ski dans les Hautes-Pyrénées, il a décrit ce que tout le monde a vu : des forces de l'ordre mal disposées qui n'ont pas su anticiper la violence. Ce sont alors le Premier ministre, Édouard Philippe, et le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, qui sont sous le feu des critiques.

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Le préfet de police de Paris sur la sellette. Mais le chef de l'État tiendrait surtout le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, pour responsable. Lors de cette réunion samedi soir, il a été accusé d'avoir mal disposé les policiers dans la capitale, de ne pas avoir suffisamment tenu compte des renseignements généraux qui faisaient état de nombreux casseurs présents à Paris.

Le Premier ministre et le président doivent se retrouver à l'Élysée lundi matin pour tirer les leçons de cette journée et prendre des décisions. Et la question du remplacement du préfet de police de Paris était sur la table, selon un ministre consulté par Jean-Michel Aphatie dimanche soir.

Empêcher les violences de se reproduire. Il y a désormais deux enjeux pour l'exécutif. Tout d'abord celui de la crédibilité du gouvernement. "On ne peut retrouver les mêmes violences samedi prochain. Cela poserait la question de la crédibilité du gouvernement, cela ouvrirait une crise politique." Et à plus long terme, Emmanuel Macron a besoin de calme pour tirer les leçons du "grand débat national" donc les violences doivent cesser.

Des revendications sur le pouvoir d'achats au soutien aux "black blocs". Mais cela ne va pas être simple car le mouvement des "gilets jaunes" a muté. Au départ, les manifestants avaient des revendications autour du pouvoir d'achat. Quatre mois plus tard, c'est un mouvement idéologisé anti-libéral, anti-parlementaire et anti-élite. Le mouvement des "gilets jaunes" appelle et encourage les violences, selon notre éditorialiste. C'est pourquoi les "black blocs", ces groupes ultra-violents qui se sont immiscés dans la manifestation pour dégrader et piller les magasins, sont aussi à l'aise dans ce mouvement.

Les "black blocs" sont bien accueillis par les "gilets jaunes" qui ont applaudi aux saccages et ont parfois participé aux pillages. "Le raisonnement des manifestants est simple : tant que leurs revendications ne sont pas satisfaites, la violence est légitime", analyse l'éditorialiste. Comment maintenir l'ordre dans une société démocratique quand des citoyens ne jouent plus le jeu de la démocratie, c'est la difficulté à laquelle est confronté le gouvernement.