Beaucoup à gauche appellent à voter pour Emmanuel Macron dès le premier tour pour faire barrage à Marine le Pen. Le vote utile dès le premier tour. C’est un non-sens démocratique. Le premier tour d’une présidentielle, c’est un vote de conviction : on choisit un candidat parce qu’on adhère à ses idées, à son programme, à sa vision. Le vote utile, c’est un vote défensif, un vote de la peur. On vous colle les sondages sur la tempe et on vous dit : "Fais gaffe, vote bien si tu ne veux pas que Marine Le Pen passe". Un non-sens démocratique ! Et pourtant ça fonctionne à plein pour Emmanuel Macron, à l’image des ralliements d’élus, de gauche, du centre et quelques-uns à droite.
Marine Le Pen au second tour. Pourquoi ? Parce qu’à l’inverse de 2007 et de 2012, il y a, pour la première fois en France, une possibilité de victoire pour le FN. En 2007, le match Royal/Sarkozy écrasait le risque Jean-Marie Le Pen au second tour. En 2012, le souffle de l’alternance était trop puissant pour permettre à Marine le Pen de se qualifier. En 2017, personne ne doute de sa présence au second tour et certains se disent qu’elle peut gagner.
Un socle fragile. Pour autant, Emmanuel Macron est-il la meilleure garantie contre la dirigeante frontiste ? Pas à 100%, loin s’en faut. D’abord parce que les sondages ne sont pas une prédiction, ensuite parce qu’il a des fragilités. Emmanuel Macron c’est le favori aux pieds d’argile. Première faiblesse : aussi haut soit-il dans les sondages, son socle est friable, seuls 45 à 50% des électeurs qui le choisissent sont sûrs de leur vote. Les autres peuvent changer, parce qu’il ne les convainc pas totalement sur sa solidité, sur son expérience, sur son programme.
Le vote ouvrier, la clef du scrutin ? Deuxième faiblesse : le vote populaire. Les ouvriers, à plus de 40%, votent Marine le Pen. Emmanuel Macron est deuxième, très loin derrière, à 17%, à peu près au même niveau que Benoît Hamon. Or, pour gagner une présidentielle, il faut être fort chez les ouvriers et les employés qui représentent 10 millions d’électeurs. Le retard accusé par Emmanuel Macron auprès de cet électorat peut encore se rattraper dans la dernière ligne droite, mais c’est aujourd’hui son talon d’Achille.