Emmanuel Todd n'aime rien tant que battre en brèche les idées reçues et créer des polémiques. L'historien et essayiste se livre une nouvelle fois à son activité préférée dans son dernier livre, Où en sommes-nous ? Une esquisse de l'histoire humaine (éd. Seuil), dans lequel il expose sa vision du monde. Il est venu en parler dimanche sur Europe 1.
Les pays développés toujours en première ligne. Premier cliché que l'historien s'attache à démonter : celui qui voudrait que les pays développés sont en passe d'être distancés par les puissances émergentes comme la Chine, la Russie ou l'Inde. "L'Histoire est toujours faite par les pays les plus avancés. Même quand l'Amérique, l'Angleterre ou l'Allemagne sont en difficulté, ce sont ces pays-là qui donnent le ton", explique Emmanuel Todd dans "C'est arrivé demain", sur Europe 1. "Si ces pays sont en crise, c'est qu'ils sont en avance. Il serait ridicule de dire que le monde anglo-saxon est hors-jeu." Par ailleurs, l'essayiste considère que "les perspectives d'avenir de la Chine ne sont nullement brillantes".
Le "retour de l'État". La deuxième idée reçue à laquelle s'attaque Emmanuel Todd est celle selon laquelle la mondialisation serait un processus inexorablement enclenché. "Quand on cesse de s'intéresser seulement à la politique et à l'économie, on va trouver de puissantes forces de divergences des sociétés, particulièrement pour les société avancées", avance-t-il. "Actuellement, l'une des tendances lourdes de l'histoire, c'est la séparation idéologique et culturelle du monde anglo-américain et de l'Allemagne."
Selon lui, la grande erreur d'Emmanuel Macron est justement de considérer que la mondialisation est acquise et qu'il ne sera pas possible de retourner en arrière. "Comme la plupart des politiques français, il n'a pas conscience des puissantes forces de longue durée qui parcourent les puissances du monde." Emmanuel Todd est en effet persuadé que la tendance n'est pas à la mondialisation mais au retour des nations fortes. "Depuis Trump, depuis le Brexit, ce qui se dessine, c'est le retour de l'État."