À Paris, un Macron exalté se pose en "candidat du travail" et fait de nouvelles propositions

Plus de 10.000 personnes se sont rassemblées dimanche autour d'Emmanuel Macron à Paris.
Plus de 10.000 personnes se sont rassemblées dimanche autour d'Emmanuel Macron à Paris. © Eric FEFERBERG / AFP
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avec AFP , modifié à
Alors que la primaire à gauche s'organise, Emmanuel Macron, lui, tenait samedi le premier grand meeting de sa campagne, Porte de Versailles, à Paris.

À moins de cinq mois de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron, auto-proclamé "candidat du travail", a effectué samedi à Paris une première démonstration de force devant quelque "15.000 personnes" et levé le voile sur un pan économique et social de son programme. Lui qui a longtemps entretenu un faux suspense autour de son ambition élyséenne est cette fois entré de plain-pied dans la campagne, plongé dans la ferveur d'une foule nombreuse et acquise, pour ce premier grand meeting parisien tenu Porte de Versailles. 

Démonstration de force. "C'est un rêve fou qui est en train de se réaliser", a ainsi clamé un Emmanuel Macron galvanisé derrière son pupitre, et qui a reçu le soutien de quelque 120.000 adhérents (gratuits) à son mouvement, En Marche !. Sous les yeux de plusieurs dizaines d'élus, dont le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb, qui coordonne la recherche de parrainages, de l'ancien président de la Région Île-de-France Jean-Paul Huchon, mais aussi des avocats proches de François Hollande, Jean-Pierre Mignard et Dominique Villemot, l'ancien ministre de l'Économie, démissionnaire en août dernier, a ainsi témoigné de la vigueur de son mouvement qui revendique "15-20.000 personnes actives" sur le terrain, selon son entourage.

>> La fin du meeting a été particulièrement marquante, comme le montre ces images capturées par BFMTV :

De même source, "3,7 millions d'euros" ont aussi été récoltés auprès de "12.000 donateurs", avec l'objectif d'atteindre "8-9 millions d'euros" et d'en emprunter autant pour l'ensemble d'une campagne qui se structure de jour en jour.

"Libérer" et "protéger". En attendant, trois semaines après son annonce de candidature, Emmanuel Macron a donné un peu plus corps à son programme - "un projet cohérent", assure-t-il - alors que ses adversaires l'ont régulièrement égratigné sur la vacuité ou le flou supposés de ses propositions. Entre deux salves d'applaudissements et durant plus d'une heure quarante, Emmanuel Macron a déroulé ses mesures, organisées autour d'une idée-force : "libérer" et "protéger", pour "réconcilier notre pays avec le goût du risque".

Réduire les charges patronales, augmenter la CSG. Dans cette perspective, il s'est posé en "candidat du travail", promettant une baisse de son coût pour toutes les entreprises et un maintien de la durée légale du travail à 35 heures. "Je maintiendrai les allègements de cotisation déjà décidés ces dernières années mais je transformerai le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) en allègements de charges pérennes", a-t-il ainsi promis, renouvelant sa proposition de supprimer les cotisations maladie et chômage payés par les salariés, transférées sur une hausse de la CSG. L'ancien conseiller de François Hollande a aussi assuré que les salaires nets augmenteraient grâce à ces mesures.

" La durée légale du temps de travail restera à 35 heures. "

Des recrutements et le retour de la "police de proximité". Après avoir promis d'aller "plus loin" dans la décentralisation et s'être de nouveau prononcé en faveur d'une autonomie des universités, des établissements scolaires, des hôpitaux, afin de "libérer les territoires", Emmanuel Macron a décrit ses "trois "boucliers, de sécurité, social et européen". Dans son allocution, version précisée de son discours du Mans mi-octobre, il a aussi promis l'embauche de 10.000 fonctionnaires de police et de gendarmerie et redit sa volonté de réinventer une "police de proximité" et de "rebâtir le renseignement territorial".

Pas de déremboursement des soins. Sur le volet social, il s'est engagé, contrairement à François Fillon, à ne "dérembourser aucun soin" et a lancé des pistes pour "refonder le système de formation" en plaidant pour la création "d'un service public de la formation et de l'activité". Il a aussi évoqué une assurance chômage "universelle", y compris pour les démissions, et un "devoir de travailler" quand une offre "décente" était proposée à un chômeur.

D'autres propositions jusqu'à fin février. "Plus personne ne parle d'Europe", a-t-il enfin déploré, en invoquant notamment la nécessité d'une "politique commerciale" commune pour faire face à la "concurrence déloyale des Chinois et des Indiens". "L'Europe est notre meilleure protection (...), notre identité, notre rêve commun", a-t-il souligné. Dans les semaines à venir et jusqu'à fin janvier, l'ancien ministre de l'Économie doit poursuivre le "déploiement de son programme", selon son entourage, avec des annonces davantage axées sur le "régalien" (justice, défense...) puis le "sociétal", et un "meeting important mi-janvier en province".