Les Verts peuvent-ils transformer l'essai après la performance des élections européennes ? 2:28
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Claudia Bertram, édité par Ugo Pascolo , modifié à
À moins de deux mois de municipales, les programmes des candidats se verdissent. EELV veut y voir le signe de sa victoire écologique, renforcée par sa performance aux élections européennes. Mais cela présage-t-il pour autant une vague verte dans les urnes, puis dans les mairies ? 
ENQUÊTE

À moins de six semaines du premier tour des municipales, l’écologie est au cœur de la campagne. Tous les candidats verdissent leur programme. Rien qu'à Paris, Cédric Villani, Benjamin Griveaux ou encore Anne Hidalgo ont fait la part belle à l'écologie dans leur programme, voire à en faire leur "socle", en proposant pêle-mêle de "reverdir les rues", ou même de créer un "Central Park" à la française au cœur de la ville... Cette tendance se retrouve aussi à l'échelle du territoire, avec un certain succès. De quoi susciter de grands espoirs pour Europe Ecologie-Les Verts en vue des municipales de mars prochain. 

Un succès aux européennes, une victoire aux municipales ? 

Après la surprise d'une troisième place aux élections européennes de mai 2019 avec 13,5% des voix, les Verts tenteront de transformer l'essai avec ces municipales. Une stratégie annoncée par l'eurodéputé Yannick Jadot dès le mois de juin, lors d'un conseil fédéral EELV à Paris dans lequel il a appelé son parti à se donner "les moyens de gagner" pour les municipales.

Et si le scrutin avait lieu ce dimanche, d'après les sondages, les écologistes seraient en tête à Besançon avec 34% des intentions de vote, mais aussi à Strasbourg (27%), ou encore à Lyon (21%). Sans oublier Bordeaux, Nantes ou Lille, où ils talonnent les maires sortants. 

"Il faut convaincre"

Une situation inédite pour EELV, ce qui n'empêche pas le secrétaire national du parti Julien Bayou de garder les pieds sur terre. "Tant que le bulletin n’est pas dans l’urne, ça reste des intentions de vote. Il s’agit pour nous de les concrétiser", affirme-t-il au micro d'Europe 1. "On sent clairement une exigence d’écologie, nous la portons. Donc j’espère que ça va être concrétisé dans l’urne, mais pour cela, il faut convaincre." Et pour persuader les électeurs, Europe Ecologie-Les Verts a une botte secrète : son étiquette. C'est d'ailleurs le seul parti à la mettre en avant, pour compenser une faiblesse des candidats souvent peu connus du grand public. 

Alors forcément, du côté des autres partis, on surveille cette montée verte dans les sondages. Si un dirigeant LREM avoue "qu'ils peuvent prendre entre cinq et dix grandes villes", et que des terres promises comme Lyon ou Strasbourg peuvent se détourner de la majorité, côté PS en revanche, on se rassure en se disant que la rose reste indispensable pour une victoire. "Aucune ville n’est gagnable pour les Verts, sans notre soutien", tacle ainsi un dirigeant. Mais pour Yannick Jadot, cette époque est révolue.

"Aujourd’hui, tout le monde s’empare de nos propositions"

"Pendant des années et des années, on a été les seuls à parler d’écologie, et aujourd’hui tout le monde s’empare de nos propositions. C'est tant mieux, mais vaut mieux faire confiance à ceux qui ont la cohérence, qu’à ceux qui découvrent ces sujets-là en période électorale", tacle la tête de liste EELV aux dernières élections européennes. 

Suivant l'intérêt grandissant des Français pour la préservation de l'environnement, les autres partis ont décidé de repeindre leur programme en vert. À l'instar de Nicolas Florian à Bordeaux, qui veut faire de l'écologie le fil rouge de toutes les politiques de la ville, les maires sortants de droite s'y mettent, alors que LR a longtemps ignoré l'écologie.

Et dans les villes où les Verts font partie de la majorité en place, comme à Paris ou Lille, Anne Hidalgo et Martine Aubry s'accaparent volontiers le bilan écologique. Une preuve pour les Verts qu'ils ont gagné la bataille des idées, au risque de voir la victoire dans les urnes leur échapper.