On les a souvent comparés. La jeunesse d'Emmanuel Macron, élu à seulement 39 ans, fait écho au parcours de Valéry Giscard d'Estaing, en son temps plus jeune président de la Cinquième République. À l'occasion de la publication de sa biographie officielle, l'ancien locataire de l'Elysée a accepté de répondre en exclusivité aux questions de Nikos Aliagas sur Europe 1. Et de glisser, du haut de ses 92 ans, quelques conseils à son lointain successeur, à la recherche d'un nouveau souffle après le départ du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb.
Rester calme. "Il n'y a pas de remaniement ! Tout le monde parle de remaniement ! C’est le remplacement du Ministre de l’Intérieur démissionnaire, et puis c'est tout", estime Valéry Giscard d'Estaing alors qu'une équipe ministérielle en partie renouvelée a été présentée mardi, après deux semaines de flottement. "Si c’était un remaniement, il y aurait beaucoup plus de changement. Il y aurait sept ou huit ministres qu’on change. Donc on agite les milieux politiques français au nom d’un remaniement qui n’a pas lieu", déplore-t-il. Et l'ancien chef de l'Etat d'inviter Emmanuel Macron à jouer la carte de l'apaisement. "Il faut être calme. Il ne faut pas mettre les autres acteurs en situation d’agitation".
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"La polémique interdit la réforme". "La France est un pays assez difficile à réformer", poursuit-il, alors même qu’Emmanuel Macron n'avait pas hésité, en forme de plaisanterie, à qualifier les Français de "Gaulois réfractaires au changement". "Si on veut obtenir des résultats, il faut parler clairement. Il faut garder totalement son calme. La polémique interdit la réforme", avertit l'ancien ministre des Finances de Charles de Gaulle. "Il y a un proverbe chinois qui dit : 'quand l'empereur est agité, le peuple est malade'".
Savoir convaincre. Et alors que deux députés de la majorité viennent de quitter le groupe présidentiel pour rejoindre les bancs d'un nouveau groupe parlementaire, Valéry Giscard d'Estaing, qui fut lui-même à la tête d'un majorité composite, invite le chef de l'Etat à davantage de pédagogie. "Il faut traiter des problèmes en prenant son temps, ne pas dramatiser le fait qu'il y a des gens qui ne sont pas d'accord avec vous, voir pourquoi ils ne sont pas d'accord. Et si on ne peut pas les convaincre, et qu'ils sont dans la majorité, eh bien on le fera quand même et on essayera de les faire rentrer dans la majorité !", conclut-il.