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Salomé Legrand, édité par Margaux Baralon , modifié à
Quatre "gilets jaunes" arrivent mercredi devant le tribunal correctionnel après avoir enfoncé la porte du ministère de Benjamin Griveaux le 5 janvier dernier. Europe 1 a pu consulter en exclusivité la version des faits qu'ils ont livrée en garde à vue.
INFO EUROPE 1

On se souvient des images de ces "gilets jaunes" fonçant avec un transpalette dans la porte d’entrée du ministère de Benjamin Griveaux à grands cris de joie. C'était le 5 janvier dernier, lors de l'"acte 8" du mouvement, et les vidéos de cette intrusion avaient tourné en boucle sur les chaînes d'info. Ils seront quatre, trois hommes et une femme, devant le tribunal correctionnel mercredi pour vol aggravé et dégradations. Europe 1 a pu consulter en exclusivité le récit qu'ils ont fait des événements en garde à vue. 

"Je ne savais pas que c'était un bâtiment officiel"

Ces "gilets jaunes", âgés de 21 à 54 ans, tous équipés de masques "contre les lacrymos", sont tombés sur le transpalette quelques centaines de mètres avant l'entrée du ministère, alors que le cortège venait de se diviser, et sont montés dessus d'abord pour "klaxonner et mettre l'ambiance", raconte Thomas, 22 ans. Ils essaient même de "scotcher le klaxon" avec du sparadrap, en vain. L'un d'eux trouve alors les clefs de l'engin, cachées à proximité du volant, et c'est Romain, 24 ans, employé dans une entreprise du bâtiment qui prend les commandes. C'était "dans le feu de l'action", dit le jeune homme originaire du Nord aux policiers. "On criait, on faisait les cons, je ne savais pas que c'était un bâtiment officiel." Jonathan, qui a filmé toute la scène, est sur la même ligne : "Aujourd'hui, je me rends compte des problèmes que ça cause. Mais sur le moment, j'étais dans l'euphorie, je n'ai pas réfléchi."

Pourtant, Thomas, "gilet jaune" assidu, 13 manifestations à son actif au moment de son arrestation, raconte avoir entendu quelqu'un crier : "Défonce la porte d'un monument de la France !" Le conducteur, lui, assure n'avoir rien entendu. "On m'a désigné la porte et bêtement je l'ai enfoncée", assure-t-il. "La porte a pris cher", conclut Thomas. La seule femme qui comparaît, Sylvie, 47 ans, qui a gardé le silence tout au long de sa garde à vue, est aussi poursuivie pour des dégradations commises à l'intérieur de la cour du ministère. 

Une "pure connerie"

Un peu plus loin, Romain s'attaque à la vitrine d'une banque, cette fois "pour le symbole", reconnaît-il. C'est là que le fenwick se coince et que le groupe se disperse. Le lendemain, le plus jeune, qui dit avoir découvert la nature du bâtiment à la télévision, envoie sa vidéo à un ami avec ce commentaire : "La porte du ministère, elle était trop belle." Avec le recul, Romain, alcoolisé au moment des faits, reconnaît "une pure connerie". "Je n'ai pas du tout réfléchi à mes actes et si jamais c'était à refaire, je ne le ferai pas", confie aux enquêteurs celui qui se dit "plutôt de gauche".