C'est une première dans l'histoire de la Ve République. Emmanuel Macron va s'adresser à l'ensemble de la haute fonction publique, soit 4.000 agents de l'État, hauts fonctionnaires, patrons d'administration et de service. Cette réunion d'un genre inédit est programmée pour le 12 décembre.
Tout le gratin de la fonction publique sera rassemblé pour une sorte de grand séminaire de motivation. Au programme : des discours du Premier ministre et du président de la République. Jamais cela ne s'était produit. "C'est comme si un chef d'entreprise n'avait jamais réuni ses cadres", illustre une source gouvernementale.
Ce qu'Emmanuel Macron veut leur dire. Le discours du chef de l'État aura une intention essentielle, prioritaire : l'administration doit être totalement impliquée dans la transformation votée par la majorité. "On ne pourra pas changer le pays si la haute fonction publique ne suit pas", glisse-t-on au gouvernement. Or, selon nos informations, des "foyers de résistance", hostiles au changement, existent au sein de l'administration publique, où l'idée que "les élus passent et les fonctionnaires restent" est largement répandue.
Le discours du président de la République aura donc valeur d'avertissement.
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Des hauts fonctionnaires à remettre dans le droit chemin ? Est-ce à dire que le fameux "spoil system", c'est-à-dire l'alignement de l'administration sur la politique, annoncé par Emmanuel Macron pendant sa campagne est en route ? On n'en est pas encore là, mais rien n'est exclu dit-on. "On nous dit toujours 'tout va bien Monsieur le président, ne vous inquiétez pas'. Et lorsque l'on vérifie, rien n'est en place", avance un ministre. Un constat partagé par le chef de l'État, et plusieurs ex-présidents.
La rencontre du 12 décembre avec les hauts fonctionnaires a été décidée il y a déjà quelques mois. Mais la conviction de s'adresser à l'administration s'est renforcée lors du déplacement d'Emmanuel Macron dans le Nord et dans l'Est, où le président a entendu les élus et les habitants se plaindre des dispositifs en retard d'application.
C'est une conviction à l'Élysée : la politique, c'est l'art de l'exécution. Une formule à double sens, qui sous-entend que des têtes pourraient tomber chez les hauts fonctionnaires si rien ne change.