Deux ans après la dissolution de l’Oeuvre française et des Jeunesses nationalistes, deux groupuscules de l’ultra-droite, par le gouvernement suite à la mort du militant antifasciste Clément Méric, la frange la plus radicale de l’extrême droite a tenu congrès le week-end dernier en région parisienne. Dans une ambiance crâne rasé et blouson Bombers, la réunion a eu lieu dans un relatif anonymat, avec tout au plus une centaine de participants. Pourtant, ces militants de l’ultra-droite ont reçu un soutien de poids en la personne de Jean-Marie Le Pen. Le fondateur du Front national, mouvement dont il a été exclu fin août, n’était pas présent, mais selon les informations d’Europe 1, il a envoyé une lettre adressé aux membres du Parti nationaliste français (PNF).
>>> Voici le contenu de la lettre envoyée par Jean-Marie Le Pen aux leaders de l'ultra droite :
"Au président et aux membres du PNF en refondation : salut et fraternité. Jeune nation et l’Oeuvre Française, derrière leur fondateur Pierre Sidos, ont mené un combat national indépendant depuis plusieurs décennies, parallèlement au Front national que je présidais. Nous avancions vers le même but : arracher notre patrie et son peuple français à une décadence que nous savions mortelle. Le tsunami migratoire rend nécessaire une mobilisation générale des patriotes et la coordination de tous les mouvements nationaux. Chacun d’eux doit être de plus en plus fort dans son secteur. C’est tout ce que je souhaite à votre congrès en ces temps où la fête des morts annonce la résurrection."
Un but politique. Cette sortie polémique de la part de Jean-Marie Le Pen a évidemment un but politique. "Le Menhir" compte bien surfer sur l’abandon de la droite extrême par une Marine Le Pen en quête de respectabilité. Afin de créer un pôle militant à la droite du FN, mais aussi d’embarrasser un peu plus sa fille, avec qui il est en guerre ouverte.
Vin Maréchal Pétain, livres antisémites… Ce courrier est en tous cas à même de gonfler le moral des troupes de l’ultra droite. Samedi dans un hôtel situé dans les Hauts-de-Seine, à l'ouest de Paris, ses militants ne se sont en tous cas pas cachés, avec une réunion ouverte à la presse, dans un clair pied de nez au Premier ministre Manuel Valls, qui avait obtenu l’interdiction de ces groupuscules. A l’intérieur, le néo-fascisme est assumé, avec des stands vendant des bouteilles de vin cuvée maréchal Pétain, des livres antisémites ou des tracts vantant la suprématie de la race blanche. A la tribune, se sont succédé des intervenants plus ultras les uns que les autres, avec appels à l’anéantissement de la communauté juive ou bien encore à l’emprisonnement des homosexuels.
"Travail, famille patrie…" Derrière cette réunion, un homme : Yvan Benedetti, président de l’Oeuvre française, qui tente de faire renaître son mouvement. Son programme tient en quelques mots. "Rétablir les frontières, revenir sur les naturalisations qui ont été opérés de manière beaucoup trop laxiste depuis ces 30, 40 dernières années, revenir au droit du sang", énumère-t-il au micro d’Europe 1. "Politiquement, nous voulons, à une époque où il n’y a plus de travail, plus de famille, plus de patries, rétablir cette politique de travail, famille, patrie. S’il faut un nom : le maréchal Pétain", assume le leader nationaliste.