Alexandre Benalla, entouré de son avocate et du co-rapporteur de la commission d'enquête, le sénateur Jean-Pierre Sueur.
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Thibauld Mathieu
Jean-Pierre Sueur, co-rapporteur de la commission d'enquête sénatoriale qui a interrogé Alexandre Benalla pendant deux heures lundi, explique sur Europe 1 pourquoi la version de ce dernier ne l'a pas convaincu.
INTERVIEW

"Je ne vous ai pas menti", a assuré Alexandre Benalla, lundi, lors de sa seconde audition au Sénat. L'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron a-t-il pour autant dit toute la vérité, notamment sur l'obtention et la restitution de ses passeports diplomatiques après son licenciement ? "Je n'en suis pas sûr", répond sur Europe 1 le co-rapporteur de la commission d'enquête sénatoriale, Jean-Pierre Sueur (PS).

Lors de l'audition, "la justice avait bon dos". Lors de l'audition de lundi, celui qui a été chargé de mission à l'Élysée jusqu'à son licenciement, le 1er août 2018, s'est souvent retranché derrière l'instruction judiciaire en cours pour refuser de répondre aux sénateurs. À l'image de son président Philippe Bas (LR), visiblement agacé, la commission n'a "pas du tout apprécié ce discours de circonstance", admet Jean-Pierre Sueur au micro de Matthieu Belliard. "La justice avait bon dos. Elle était invoquée quand ça l'arrangeait", dénonce le sénateur socialiste.

"Choqué" par ses non-réponses. Le co-rapporteur a aussi été "beaucoup choqué" lorsque Alexandre Benalla a refusé de parler de ses activités actuelles, alors même que celui-ci a reconnu ne pas avoir saisi la commission de déontologie de la fonction publique après son renvoi, comme il aurait pourtant dû le faire pour s'assurer qu'il n'y avait pas de conflit d'intérêts entre ses anciennes et ses nouvelles fonctions.

"Beaucoup de zones d'ombres et de contradictions". Jean-Pierre Sueur pointe ainsi "beaucoup de zones d'ombres et de contradictions" par rapport aux versions du directeur de cabinet d'Emmanuel Macron Patrick Strzoda, du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, entendus la semaine dernière par les sénateurs. Mais "une chose s'impose" au terme de ces auditions, souligne Jean-Pierre Sueur : "c'est qu'il y a eu de très nombreux dysfonctionnements (…) aussi bien à l'Élysée qu'au sein des ministères".

De là à estimer que le jeune homme de 27 a été protégé ? "Beaucoup de faits montrent que les réactions qui auraient du être celles de l'administration à son égard n'ont pas été celles qu'elles devaient être. On en tirera les conclusions que l'on voudra...", glisse Jean-Pierre Sueur. En attendant celles de la commission, la conclusion du jour, elle, tient en seulement quelques mots : "Alexandre Benalla ne nous a pas convaincus, c'est clair".