Emmanuel Macron, candidat d'En Marche pour l'élection présidentielle, souhaite réviser la Constitution dans la "deuxième partie" de son quinquennat afin de donner "plus de souplesse" administrative à La Réunion, comme à La Guadeloupe par exemple, qui en a bénéficié dans le domaine de l'environnement et de l'énergie. Emmanuel Macron, en déplacement sur l'île, a ciblé l'article 73 de la Constitution qui permet aux régions et départements d'outre-mer de "faire l'objet d'adaptations tenant aux caractéristiques et contraintes particulières de ces collectivités".
Une exception en outre-mer. Ces "habilitations", dont bénéficient par exemple La Martinique ou la Guadeloupe, recouvrent de nombreux champs, hormis le domaine régalien (sécurité, justice, politique étrangère etc). Ainsi, le Conseil Régional de Guadeloupe a demandé en mars 2009 une habilitation afin de légiférer et réglementer dans le domaine de l'environnement et de l'énergie sur son territoire. Cette habilitation lui a été accordée au travers de l'Article 69 de la Loi n° 2009-594 du 27 mai 2009 pour le développement économique des Outre Mer.
Mais selon l'alinea 5 de l'article 73 de la Constitution, La Réunion est toutefois exclue de cette disposition. C'est la conséquence de l'amendement Virapoullé, ancien sénateur UMP de La Réunion qui, en 2003, craignait que cette flexibilité ouvre la voie à l'autonomie. "Je veux modifier" cet amendement, a déclaré Emmanuel Macron dimanche, en visite sur un marché de Saint-Denis de la Réunion. "Il faut plus de souplesse, il faut que l'État s'adapte aux territoires", a-t-il plaidé.
"Ca suppose une révision constitutionnelle". "Je suis pour un État qui déconcentre, qui redonne des responsabilités aux fonctionnaires de terrain et ça vaut pour cette île en particulier. Vous avez vu, l'agriculture ici n'a rien à voir avec celle de la Creuse ou du Cantal", a souligné le candidat, en demandant ainsi de "pouvoir transférer des compétences réglementaires aux collectivités". "Ça suppose une révision constitutionnelle", a donc relevé l'ancien ministre de l'Économie, qui compte la lancer "plutôt en deuxième partie de mandat et commencer par une voie parlementaire".
10 milliards d'économie. Cette plus grande "liberté réglementaire" doit toutefois s'accompagner de contreparties, selon le candidat, qui compte engager un plan d'économies de 10 milliards d'euros au niveau des collectivités territoriales. "Les efforts que je demande, c'est aussi la sortie d'une forme d'économie de complaisance", a-t-il déclaré. "On attend du pragmatisme et pas d'utiliser l'argent public pour embaucher les gens. À la fin, ça devient du clientélisme et c'est bon pour personne", a prévenu Emmanuel Macron, en ciblant particulièrement les embauches dans la fonction publique territoriale.