Gouvernement et majorité ont fait entendre des voix dissonantes sur le droit de vote des étrangers, une promesse de François Hollande que des députés PS veulent "rapidement" concrétiser mais qui ne représente pas "une revendication forte" aux yeux de Manuel Valls.
Serpent de mer de la vie politique française depuis 1981, le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales risque donc de rester encore un sujet de débat. En dépit de la promesse ferme du chef de l'Etat de l'instaurer, la polémique est déjà lancée.
ILS SONT POUR
75 députés socialistes, dont le Marseillais Patrick Mennucci, Razzy Hammadi, Christian Paul ou Christophe Caresche, sont montés au créneau lundi en appelant dans une tribune dans Le Monde à une mise en oeuvre rapide de cette promesse de campagne.
Alain Vidalies, ministre des Relations avec le Parlement, a bien assuré lundi soir que l'engagement présidentiel serait "tenu". Mais il n'a pas précisé de calendrier. S'il n'a pas été inscrit à l'ordre du jour de l'automne au Parlement, c'est selon lui car "le calendrier parlementaire ne le permet pas" notamment en raison de la discussion budgétaire.
>> A lire aussi : Vote des étrangers : l’appel d’élus PS
VALLS PRÉFÈRE TEMPORISER
Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a nénamoins tempéré cet optimisme venu de son camp en faisant valoir dans Le Monde daté de mardi que ce n'était ni une "revendication forte dans la société française", ni un "élément puissant d'intégration".
Le ministre considère notamment que ce projet n'a plus "la même portée" qu'en 1981. Il met aussi en garde contre les conséquences d'un éventuel référendum, "pas seulement en termes de résultats mais aussi de déchirure dans la société française". "Attention à la jonction droite-extrême droite sur ce sujet", ajoute le ministre.
>> A lire : Vote des étrangers : Valls à contre-courant
L'UMP INSISTE SUR CES DIVISIONS
L'UMP s'est immédiatement engouffrée dans la brèche, son secrétaire général Jean-François Copé exhortant M. Hollande à "clarifier ses intentions", au moment, selon lui, où se "multiplient les pratiques communautaristes". François Fillon, son principal concurrent pour la tête du parti, a pour sa part demandé "solennellement au président de la République de renoncer à ce projet".
"En reconnaissant enfin que le droit de vote des étrangers n'est pas une 'revendication forte' de la société française et qu'il ne permettra pas une meilleure intégration des étrangers, Manuel Valls, comme sur les questions de sécurité et notamment sur l'adoption prochaine du projet de loi anti-terroriste voulu par Nicolas Sarkozy, nous donne à nouveau raison", a renchéri lundi soir Rachida Dati.