Quelques heures à peine après le drame de Nice, les politiques se sont livrés à un véritable concours Lépine d’idées absurdes, que l’on pourrait mettre sur le compte de l’émotion et de la précipitation, à l’image d’Henri Guaino et de ses policiers armées de lance-roquettes.
"La main qui tremble". Même Alain Juppé, qui fait pourtant figure de grand sage dans la campagne pour la primaire de la droite, a sonné la charge contre François Hollande, alors même que les hommes de la police scientifique étaient encore en train d'analyser le bitume de la Promenade des Anglais. La campagne présidentielle a ses exigences, et elles semblent plus impérieuses que la décence la plus basique. Nicolas Sarkozy n’a pas été moins dur, dimanche, au 20h de TF1, en accusant le président de la République d’avoir "la main qui tremble". Mais le patron de la rue de Vaugirard a. au moins attendu trois jours pour le dire.
Premier thème de campagne. Les Français sont en droit de s’exaspérer ; les polémiques portent sur tout, sauf sur ce qui compte vraiment, c’est-à-dire notre capacité à se protéger. Le débat politique s’est attardé pendant six mois sur la déchéance de nationalité, alors qu’on sait la mesure seulement symbolique et non-dissuasive sur des candidats au suicide, on parle de contrôle aux frontières alors que les auteurs des massacres étaient soit Français, soit résidents en France depuis des années. Les méthodes pour faire face au terrorisme sont devenues le premier sujet de discorde électorale. Les politiques sont incapables de garder leur sang-froid face à une menace qui, elle, ne s’embarrasse pas et se contente de tuer.
Limiter le nombre de victimes. François Hollande et Manuel Valls ont de leur côté un discours incomplet. Ils ont raison lorsqu’ils disent que la guerre contre le terrorisme sera longue, qu’il y aura encore des victimes innocentes, c’est ce qu’ils appellent la résilience. Pourtant, il est impossible de vivre avec un terrorisme de masse qui, tous les six mois, fait des centaines de morts. Le seul enjeu c’est d’être en capacité, non pas d’empêcher les attentats, c’est impossible, mais de limiter le nombre de victimes lorsqu’ils surviennent. Le chef de l’Etat doit assumer l’état d’urgence ; si les autorités ne sont pas en mesure d’assurer la sécurité d’un rassemblement, il faut l’interdire.
Selon un communiqué de la préfecture des Alpes-Maritimes, le 14 juillet, il y avait à Nice un peu plus d’une centaine de policiers et vingt militaires. À titre de comparaison, la sécurisation des Champs-Elysées, un soir de finale, mobilise 3.000 hommes.