Alain Juppé, le favori de la primaire de droite et du centre, peaufine son troisième livre programmatique. Après l’école et la sécurité, c’est l’économie qui est cette fois-ci annoncée. Le contenu de ce livre, qui sortira le 11 mai prochain, peut être qualifié d’austère.
Haro sur les prestations sociales et les allocations chômage. Du sang et des larmes : voilà le pitch du programme du maire de Bordeaux. S’il était élu à la tête de l’Etat, l’édile réhausserait l’âge de la retraite à 65 ans dès sa première année de mandat. Il se propose également de mettre en oeuvre un gel total des prestations sociales sur les cinq années du quinquennat, avec les baisses de certaines d’entre elles, comme les APL et les aides au logement. Et le système d’indemnisation du chômage ? Aujourd’hui, en travaillant une journée, vous gagnez un jour d’indemnisation de chômage. L’idée d’Alain Juppé est de ne plus vous accorder un jour entier de chômage par jour travaillé, mais 0,9 ou 0,8 jour.
Bien sûr, il lui faudra aussi s’attaquer aux dépenses maladie, avec sept milliards d’euros à tailler. Tous les arbitrages ne sont pas rendus et plusieurs sessions de travail de trois heures autour du candidat ont eu lieu, dont encore une ce week-end. Il lui reste une équation à résoudre : réussir à faire 80 milliards d’économie et de baisses de dépenses sans attendre, avec une croissance prévue de 1% par an. Ça va faire mal. Son adversaire Nicolas Sarkozy propose quant à lui 25 milliards de baisses d’impôts dès la première année, quitte à laisser filer les déficits. Face à lui, Alain Juppé serre la vis, mais il propose la suppression de l’ISF et la baisse de la fiscalité sur les entreprises.
Les classes moyennes et populaires "prennent cher". Quelle est la place des classes moyennes populaires dans ses projets ? Voilà c’est le grand oubli du programme économique d’Alain Juppé. Comble de l’histoire, ses équipes s’en rendent compte alors que le travail touche à sa fin. "Avec notre potion, les classes moyennes prennent cher", reconnaît, embarrassé, l’un des artisans de ce programme. Ce handicap est d’autant plus préjudiciable que l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac est le candidat de la France qui va bien : il puise sa popularité parmi les classes diplômées à haut pouvoir d’achat et plutôt dans l’ouest de la France, loin du déclin industriel de l’Est et du Nord. Son programme économique renforce encore cette image d’un candidat libéral coupé des classes populaires, un électorat évidemment important et qui se tourne de plus en plus vers le FN. Et, surtout, des catégories d’électeurs auxquelles Nicolas Sarkozy s’adresse en priorité.