Les insultes contre les maires seront qualifiées d'outrage, annonce Dupond-Moretti

Eric Dupond-Moretti a annoncé la requalification de l'insulte en outrage pour les maires.
Eric Dupond-Moretti a annoncé la requalification de l'insulte en outrage pour les maires. © AFP
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avec AFP
Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a promis une circulaire "dans les prochains jours, voire dans les prochaines heures" pour requalifier le délit d'insulte envers les maires en outrage. Cette décision intervient alors que de nombreux maires ont été agressés ces six derniers mois.

Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a annoncé mercredi que les insultes contre les maires seraient désormais considérées comme des outrages, au terme d'une réunion interministérielle à Matignon sur la violence contre les élus. "Nous allons suggérer aux parquets de retenir cette qualification, car le maire qui est insulté, c'est un maire qui, au sens du droit pénal, est un maire outragé", a déclaré le garde des Sceaux, qui a annoncé une circulaire "dans les prochains jours, voire dans les prochaines heures" pour répondre aux agressions contre les élus. Contrairement à l'injure "qui est souvent la qualification retenue" dans ces affaires, celle d'outrage permet la mise en oeuvre des TIG, travail d'intérêt général, a rappelé le ministre.

"C'est simple, c'est pragmatique, c'est efficace et ça va dans le bon sens", a-t-il assuré, après une rencontre à laquelle ont participé les différentes associations d'élus, en présence du Premier ministre Jean Castex, du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, et de la ministre de la Cohésion des Territoires Jacqueline Gourault.

La lenteur de la justice pointée du doigt

La circulaire contiendra "un certain nombre de mesures qui nous permettent de dire aux maires à quel point nous sommes à leur côté", a souligné Eric Dupond-Moretti, sans donner plus de détails sur son contenu. "Cela implique que la justice donne une réponse proportionnée, bien sûr, systématique et immédiate, bien évidemment", a-t-il ajouté.

Les associations d'élus reprochent à la justice sa lenteur pour traiter les cas d'agressions. Au cours de la réunion, le Premier ministre a exigé plus de "fluidité" dans les échanges entre le préfet, le procureur de la République et les élus. "A cet effet, les préfets devront désormais systématiquement signaler aux parquets les faits dont les élus sont victimes et qui sont susceptibles de recevoir une qualification pénale", a indiqué Matignon dans un communiqué. Après un été marqué par différentes agressions contre des maires, Eric Dupond-Moretti a souligné que "chaque agression commise contre un maire est une agression commise contre la République".

"Ces mesures ne sont pas symboliques (...), elles permettent de régler un certain nombre de difficultés", a-t-il insisté dans l'après-midi à Dijon avant une rencontre avec des maires de la région. Face aux journalistes il a toutefois reconnu qu'il "y a aussi un problème de moyens" à résoudre.

233 maires agressés de janvier à juillet

Selon les chiffres de l'Association des maires de France (AMF), 233 maires ont été agressés de janvier à juillet. Pour toute l'année 2019, ils avaient été 383 à subir des coups ou des insultes, contre 361 en 2018. Son président, François Baroin, présent à Matignon, a refusé de commenter la circulaire avant d'en avoir connaissance. "Nous l'attendons avec beaucoup d'impatience", a-t-il souligné.

Plusieurs agressions ont défrayé la chronique cet été, notamment celle de Francis D'Hulst, élu de la localité de Portbail dans la Manche frappé par des campeurs, ou celle de Philippe Becheau, maire de Saint-Philippe d'Aiguille, en Gironde, après s'être plaint de tapage nocturne. La semaine dernière, le maire de Chalifert, en Seine-et-Marne, a été agressé à coups de poing par un de ses administrés pour un différend de voisinage.