La parole au peuple. Ou, tout du moins, aux militants et sympathisants de l'UMP. C'est le format qui a été choisi par Nicolas Sarkozy pour mener campagne pour la présidence du parti. Jeudi, l'ancien président était dans l'Aube, à Saint-Julien-les-Villas. Dans cette ville de la banlieue de Troyes, le fief de son ancien ministre François Baroin, il a inauguré ce type de meeting sous forme de questions-réponses avec l'assistance. Le point de départ d'une série de déplacements à un rythme soutenu, jusqu'à l'élection du président de l'UMP, fin novembre.
Après un classique discours programmatique à Lambersart, la semaine dernière, Nicolas Sarkozy a donc activé le mode interactif. Car de discours, il n'était pas question jeudi. Après un mot d'introduction, l'ancien président a répondu aux questions posées par les militants, dans la salle et par Internet.
Aucun grand discours avant un mois
"On va sans doute répéter cette formule pour une dizaine de réunions publiques", explique à Europe 1 le député UMP Gérald Darmanin (photo), porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy. La tournée se poursuivra dès la semaine prochaine à Vélizy, dans les Yvelines, puis à Toulouse, selon Le Monde. Aucun grand discours n'est prévu avant environ un mois, date à laquelle l'ex-président devrait dessiner les contours du "grand rassemblement" qu'il souhaite mettre en route, prévient-on dans le camp Sarkozy.
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Le meeting de Troyes a donc servi de crash test. "Il y a toujours un risque, mais quelque part, je trouve ça bien que Nicolas Sarkozy se mette un peu en danger", estime Gérald Darmanin, qui assure qu'on ne fera pas le tri, à l'entrée des meetings, entre les fans de l'ex-président et les autres : "ce sera ouvert à tous".
Jouer la proximité
Mais est-ce une bonne formule pour continuer à mettre en scène un "grand retour" soigneusement scénarisé ? "Son défi sera de trouver un équilibre entre la puissance qui émane de son statut d'ancien président et la proximité nécessaire à sa campagne", explique le communicant Thierry Saussez (photo), ancien directeur du Service d'information du gouvernement (SIG), qui a longtemps conseillé Nicolas Sarkozy. "Sur le côté proximité, ce format est une bonne idée, ça permet la spontanéité".
Un avis partagé par Philippe Moreau-Chevrolet, fondateur du cabinet en communication MCBG. "Le problème des meetings, c'est la répétition. Il faut renouveler le genre. En ce sens, le format questions-réponses est plutôt intelligent", affirme-t-il. Par ailleurs, ces échanges permettraient à Nicolas Sarkozy de se poser en adversaire de l'opacité qui a ravagé l'UMP, sur fond de guerre des chefs et d'affaire Bygmalion. "Il faut mettre en scène un dialogue, parce que cela correspond à un vrai besoin à l'UMP", poursuit Philippe Moreau-Chevrolet. "C'est aussi l'occasion d'affirmer une différence face à François Hollande, qui ne donne jamais dans ce genre d'exercice, et de ringardiser son rival Alain Juppé".
Un concept courant aux Etats-Unis
Un moyen, aussi, de s'affirmer comme un candidat du renouveau, alors que ses récentes interventions ont furieusement rappelé sa campagne présidentielle de 2012. Certes, le concept n'a rien de révolutionnaire. Il rappellerait presque les "meetings participatifs" de la candidate Ségolène Royal en 2007 (photo)... "C'est quelque chose d'assez courant à l'étranger, notamment aux Etats-Unis, où tous les candidats passent par là", note Philippe Moreau-Chevrolet. "Mais en France, on a une vision descendante de la communication politique : le leader doit guider la foule. Or, ce n'est pas parce qu'on dialogue avec le peuple qu'on perd de sa superbe".
Pour Thierry Saussez, "ça s'inscrit dans une logique : cela donne une idée de la façon dont il veut faire fonctionner le parti". Jouer l'empathie en laissant s'exprimer des militants qui, depuis 2012, ont toutes les raisons du monde d'être en colère.
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