Les présidents des associations de régions, départements et maires ont annoncé conjointement mardi le boycott de la Conférence des territoires, qui doit se tenir le 12 juillet sous l'égide du Premier ministre. Ces élus dénoncent un recul de la décentralisation et l'absence de véritable dialogue avec l'Etat. "Nous n'irons pas demain (mercredi) à l'instance de dialogue de la Conférence nationale et le 12 juillet à la Conférence nationale des territoires", a ainsi annoncé le président de l'Assemblée des Départements de France (ADF) Dominique Bussereau lors d'une conférence de presse, au côté de ses homologues des Régions Hervé Morin, et des Maires François Baroin.
La goutte d'eau. "Les collectivités ne peuvent cautionner par leur présence une instance qui n'est devenue qu'un faux-semblant de concertation et de dialogue", ont expliqué les trois instances. "Pour les départements, ce qui a fait déborder le vase, c'est la manière dont nous avons discuté sur deux sujets : [...] les mineurs non accompagnés [...] puis les allocations individuelles de solidarité", a-t-il poursuivi. Les départements avaient déjà annoncé la semaine dernière leur retrait de la Conférence nationale en raison d'une "volte-face" du gouvernement sur le financement des aides sociales (AIS). Ce dont Édouard Philippe s'était défendu lors d'une séance de Questions au gouvernement au Sénat.
Des décisions "unilatérales". "Nous avons gelé tous nos contacts avec les ministères [...]. Je pense que le dialogue reprendra mais il ne reprendra que si l'Etat met des choses sur la table", a prévenu Dominique Bussereau (LR). "Ça ne marche pas depuis un an", a renchéri François Baroin (LR). "Nous nous retrouvons aujourd'hui dans une impasse que nous regrettons", a poursuivi le maire de Troyes, dénonçant les décisions "unilatérales" prises au sommet de l'Etat.
Le "diktat" de l'Etat. Houleuses depuis l'arrivée du nouvel exécutif, les relations entre les collectivités et le gouvernement se sont détériorées ces derniers mois sur fond de discussion des contrats financiers État/collectivités pour limiter la hausse de leurs dépenses de fonctionnement. "On contractualise avec l'Etat depuis des années", mais ces contrats ne sont "pas une contractualisation mais un diktat", a fustigé François Baroin. "Vous n'avez pas d'autre choix que de signer", a-t-il dénoncé.
Limiter les dépenses. Hervé Morin (centriste), a dénoncé un "simulacre de dialogue" avec le gouvernement. "Nous avions envie de construire avec un Etat dont on nous disait qu'il allait changer de gouvernance", a-t-il dit, regrettant un "comportement politique qui relève du paléolithique". Les collectivités avaient jusqu'au 30 juin pour signer les accords sur la maîtrise des dépenses locales. Édouard Philippe a annoncé la semaine dernière que plus de 200 des plus importantes collectivités de France, sur les 322 concernées, avaient déjà signé ces accords par lesquels elles s'engagent à limiter la hausse de leurs dépenses de fonctionnement à 1,2% par an.