Le mariage gay est en train de faire son chemin dans la classe politique. Ce thème, à l’origine porté essentiellement par la gauche, est aujourd’hui repris par certains politiques de droite. Nicolas Sarkozy, candidat probable à sa réélection, aurait choisi d’inclure le mariage homosexuel dans son programme pour la présidentielle de 2012, selon Libération. Valérie Pécresse, la porte-parole du gouvernement, a démenti cette information, précisant que le chef de l’Etat restait "défavorable" à cette mesure. Reste que le débat est relancé dans la classe politique. A 100 jours exactement du premier tour de la présidentielle, Europe1.fr fait le point sur la position des différents candidats.
>> Ils sont pour
François Hollande (PS). Le candidat à la présidentielle du PS ne boude pas son plaisir lorsqu’il est question de rappeler que, dès 2007, il avait fait inscrire dans le programme du parti socialiste la proposition du mariage pour les homosexuels. Dans une interview jeudi au site Yagg, François Hollande se positionne clairement en faveur de l’ouverture "du droit au mariage quelque soit les couples" ainsi que pour "le droit à l’adoption".
Pour le député de Corrèze, cette mesure est un impératif de « liberté pour chaque couple de vivre comme il l’entend » mais également un moyen d’obtenir "l’égalité des droits" pour tous. Il considère néanmoins dans Libération que "ce ne sera pas simple de faire passer ces textes". Une proposition de loi du PS sur le mariage gay a été rejetée au mois de juin par l’Assemblée nationale. Au PS, on mise sur une victoire aux législatives, conjuguée à celle de la présidentielle, pour faire adopter une loi en ce sens.
Eva Joly (EELV). La candidate à la présidentielle d’Europe Ecologie-Les Verts a clairement affiché ses positions en participant à la « gay pride » au mois de juin dernier. Elle promet, en cas de victoire, de faire voter la mesure dans les trois mois après l’élection présidentielle.
Le mariage homosexuel a toujours été un des chevaux de bataille des écologistes. Dès 2004, Noël Mamère, maire de Bègles Bordeaux, s’était fait remarquer en procédant à un mariage entre deux personnes du même sexe. Cette union avait ensuite été annulée par une procédure judiciaire. Noël Mamère avait été suspendu un mois de ses fonctions.
Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche). Dans le magazine Têtu, le candidat du Font de gauche rappellait au mois de juin dernier "soutenir l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homos". Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche, milite depuis longtemps pour la cause homosexuelle. Lorsqu’il était sénateur PS de l’Essonne, il avait déposé, dès 1990, la première proposition de loi avec un partenariat civil destiné aux homosexuels. Comme Eva Joly, il a participé à la "gay pride" au mois de juin.
Cette mesure est soutenue depuis longtemps par le parti communiste, rallié à Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle de 2012. En octobre dernier, le maire PC de Cabestany (Pyrénées-Orientales) avait célébré symboliquement un mariage homosexuel dans sa ville. L’union n’a pas été inscrite à l’état-civil pour éviter une annulation en justice.
Dominique de Villepin. En plein débat à l’Assemblée sur la proposition de loi portée par le PS sur le mariage homosexuel, l’ancien Premier ministre s’était engagé en sa faveur lors de l’émission internet "Elections 2012". Une position à la marge au sein de la droite encore réticente à cette idée et qui lui permet aussi d’afficher sa singularité. Dominique de Villepin dit vouloir "faire reconnaître que le mariage, institution civile, contrat civil entre deux personnes peut-être à la fois noué entre deux personnes de sexes différents ou deux personnes de même sexe".
Philippe Poutou (NPA). Le candidat du NPA suit la position de son parti qui milite pour l’égalité totale des droits. Le Nouveau parti anticapitaliste réclame le droit au mariage, à la filiation et à la procréation médicalement assisté pour les homosexuels.
Nathalie Artaud (LO). La candidate trotskiste fait du mariage en général, "un conformisme". Elle préfère parler, lors d’un tchat organisé par La Provence en 2009, "d’union libre". "Nous sommes pour la liberté des individus et si des homosexuels tiennent à se marier, nous n'avons rien contre. Il est certain que bien des enfants peuvent être malheureux quant ils sont dans des familles qui se déchirent et l'essentiel me semble être la volonté des deux parents de se consacrer à faire le bonheur des enfants", avait-elle expliqué.
>> Ils sont contre
Nicolas Sarkozy. Le Président de la république n’est pas encore officiellement candidat mais il travaille déjà sur son programme. Libération affirmait ce matin que le chef de l’Etat allait inscrire "l’union civile pour les homosexuels" sur ses tablettes pour 2012. Quelques heures plus tard, Valérie Pécresse, sa porte-parole affirmait le contraire, précisant que le président est "défavorable" au mariage gay. Le quotidien affirmait que plusieurs conseillers de l’Elysée travaillaient sur un projet de loi.
La position du chef de l’Etat reste encore floue. En 2007, lorsqu’il était encore candidat à la présidentielle, Nicolas Sarkozy disait reconnaître "l’amour homosexuel" et avait formulé quelques promesses dont celle d’une union civile réservée aux personnes du même sexe.
François Bayrou (MoDem). Catholique pratiquant, François Bayrou est opposé au mariage homosexuel mais soutient l’adoption. Dans un entretien au magazine Têtu (novembre 2011), il déclarait : "un mariage, c’est l’union d’un homme et d’une femme", se disant près à assumer cette position "minoritaire". Le président du MoDem refuse la dénomination de "mariage" et préfère parler "d’unions".
Toutefois, il est favorable à ce que "tous les couples qui ont un projet stables, à long terme, de vie en commun (…) possède exactement les mêmes droits et les mêmes devoirs". Il estime donc que les "unions" homosexuelles doivent être contractées "dans les mêmes conditions de solennité" que les mariages, c’est-à-dire "devant le maire", et dissoutes "par divorce devant le juge".
Marine Le Pen (FN). La candidate du FN ne déroge pas aux fondamentaux de son parti. Marine Le Pen est fermement opposée à l’ouverture du mariage homosexuel aux gays et lesbiennes. Lors d’une interview sur France Inter au mois de juin, elle avait dérapé en comparant le mariage homosexuel à la polygamie : "il existe des familles polygames, pourquoi est-ce que demain un certain nombre de groupes politico-religieux ne demanderaient pas que la polygamie, sous prétexte d'égalité des droits, soit inscrite dans le code civil français ?" Et d’ajouter : "le mariage s’effectue entre un homme et une femme". La présidente du Front national est également contre 'le droit d’adoption" pour les homosexuels.
Christine Boutin (PDD). La présidente du parti chrétien démocrate, dont la base électorale est essentiellement catholique, est contre le mariage homosexuel mais aussi l’adoption pour les couples du même sexe. "Je tiendrai (cette position) jusqu’au bout", a-t-elle affirmé ce matin sur Europe 1.
Elle ajoute que si cette prise de position du chef de l’Etat était confirmée, elle ne s’engagerait pas forcément en sa faveur durant la campagne présidentielle.