Le 19 juillet, le porte-parole de l'Élysée, Bruno Roger-Petit, l'assurait : Alexandre Benalla a été mis à pied pendant 15 jours, "avec suspension de salaire". Pourtant, ce n'est pas ce qui s'est passé, selon le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron. Auditionné au Sénat mercredi, celui-ci a au contraire précisé qu'Alexandre Benalla avait touché son salaire intégral au mois de mai en dépit de sa mise à pied, soulignant qu'il ferait l'objet d'une retenue sur congés ultérieure.
"Monsieur Benalla a touché pour le mois de mai son salaire intégral", a indiqué Patrick Strzoda lors de son audition par la Commission des Lois du Sénat. "En revanche, ses 15 jours de suspension feront l'objet d'une retenue sur les droits à congés qu'il avait en reliquat au titre de l'année 2017", a-t-il ajouté.
#DirectSénat Patrick Strzoda : "M. #Benalla a touché pour le mois de mai son salaire intégral. En revanche, les 15 jours de suspension feront l'objet d'une retenue sur les droits à congés qu'il avait en reliquat au titre de l'année 2017"
— Public Sénat (@publicsenat) 25 juillet 2018
"C'est scandaleux", réagit une sénatrice pic.twitter.com/NvAHTeCmio
Réaction immédiate de l'Élysée. L'Élysée a précisé dans la foulée qu'Alexandre Benalla, recruté en qualité d'agent contractuel, ne pouvait selon un décret de 1986 faire légalement l'objet d'une suspension de traitement. L'article 43 de ce décret souligne effectivement qu'"en cas de faute grave commise par un agent non titulaire (...) l'auteur de cette faute peut être suspendu" mais qu'il "conserve sa rémunération et les prestations familiales obligatoires". Cette suspension n'est pas considérée directement comme une sanction disciplinaire. À la différence de l'"exclusion temporaire", qui s'accompagne elle d'une "retenue sur traitement", selon l'article 43-2 du même décret.
Un salaire qui s'élève à 6.000 euros nets par mois. En ce sens, Patrick Strzoda a semé la confusion mercredi en déclarant devant les sénateurs: "la sanction de suspension de 15 jours est en fait une exclusion temporaire". Mais c'est bien une "suspension" et non une "exclusion temporaire" qui a été notifiée par courrier à Alexandre Benalla, a insisté l'Élysée. Son salaire s'élève à environ 6.000 euros nets par mois, selon un document gouvernemental transmis à l'AFP.
Benalla "n'a pas mis les pieds à l'Élysée du 4 au 22 mai" assure Strzoda. Après avoir pris connaissance de vidéos montrant Alexandre Benalla, proche collaborateur du chef de l'État, frappant des manifestants le 1er mai, Patrick Strzoda avait ordonné une "exclusion temporaire" de 15 jours de ce chargé de mission. "Il n'a pas mis les pieds à l'Élysée du 4 au 22 mai", a assuré Patrick Strzoda, interrogé sur l'effectivité de cette sanction.
Passe d'arme. Le directeur de cabinet du chef de l'État et les sénateurs se sont livrés à une passe d'arme sur l'existence d'une obligation pour Alexandre Benalla de transmettre, lors de son recrutement à l'Élysée, une déclaration d'intérêts et une déclaration de patrimoine. "Nous en sommes en train d'expertiser ce point juridique", a déclaré Patrick Strzoda en estimant que "Alexandre Benalla étant chargé de mission" et non un collaborateur dont la nomination a été publiée au journal officiel "il n'était pas (...) tenu de faire cette déclaration".
"L'article 1 alinéa 4 de la loi de 2013 (sur la transparence de la vie publique, ndlr) dit bien que tous les collaborateurs du président de la République doivent non seulement déposer une déclaration d'intérêt mais aussi une déclaration de patrimoine", a rétorqué le sénateur (LR) François Pillet. Selon Patrick Strzoda, il y a actuellement 9 chargés de mission à l'Élysée.