Invitée du club de la presse d'Europe 1, Najat Vallaud-Belkacem est montée au créneau pour défendre sa controverséeréforme du collège. Suppression des classes bilangues, refonte du latin et du grec, réforme des programmes, etc. La ministre de l'Education a abordé tous ces sujets et raconté comment elle vivait ces débats houleux.
"J'ai sous-estimé les formes du débat actuel". Interrogée sur la tournure prise par sa réforme, la ministre a avoué avoir "sous-estimé les formes du débat actuel". "Je sais que c'est très difficile de réformer l'Education Nationale en France mais ce qu'il a de nouveau c'est le poids de la rumeur et des contre-vérités", a-t-elle expliqué, en ajoutant avoir sous-estimé cet aspect des choses. "Ce qui m'a le plus affecté dans cette épisode, ce ne sont pas tant les attaques ou les hostilités", a-t-elle poursuivi, "c'est le fait que des Français, qui n'avaient pas d'avis pour cette réforme du collège, aient pu voir leur perception de ce projet complètement brouillée par les bêtises qui circulaient".
Najat Vallaud-Belkacem a pris un exemple : "Je vois monter sur les réseaux sociaux de la fachosphère que l'Islam serait obligatoire quand la Chrétienté disparaîtrait". La ministre explique alors avoir pensé que "c'était débile" et que cela n'allait pas sortir de ce cadre-là. "Et bien, non", ajoute-t-elle, "c'est sorti dans les grands médias, cela a été repris par des grandes plumes".
Le mythe de l'égalitarisme. Najat Vallaud-Belkacem a aussi tenu à contrer "le mythe de l'égalitarisme" qui l'entoure. "Je crois beaucoup au travail, à l'effort, et au mérite", a-t-elle expliqué. "Je suis étonnée que l'on me fasse ce procès. Même dans mon parcours personnel, il me semble avoir vécu cela", a-t-elle ajouté, avant de poursuivre : "ce que je veux, c'est mettre en condition chaque élève de faire valoir son mérite et donc il faut avoir des conditions d'apprentissage qui soient égales". Et d'asséner : "l'égalité n'est pas incomparable avec le mérite".
Sur le latin et les classes européennes. Questionnée sur les deux points sensibles de la réforme, le latin et les classes européennes, la ministre a réaffirmé ses positions. "Ce n'est pas la disparition du latin mais la généralisation du latin", a-t-elle martelé, avant de développer : "Le latin et le grec vont continuer à être enseignés dans les mêmes quantités qu'aujourd'hui mais au lieu de concerner seulement 20% des collégiens, ils seront offerts à tous".
Concernant les classes européennes, Najat Vallaud-Belkacem a défendu leur disparition : "ce dont souffre notre collège, c'est d'être un collège à deux vitesses qui cristallise les inégalités scolaires". "Options, classes dérogatoires, etc. D'une certaine façon, on alloue à un petit nombre d'élèves des moyens très importants et pendant ce temps-là, on n'alloue pas ces moyens à un plus grand nombre d'élèves", a-t-elle poursuivi.
"L'Académie française est dans son rôle de conservatisme". La ministre de l'Education a aussi répondu à la charge de l'Académie française contre sa réforme : "l'Académie est dans son rôle, elle est dans son rôle de conservatisme, d'une certaine tradition classique". "On a pas le même rôle et ce qui m'intéresse, c'est la réalité des besoins éducatifs des élèves de 2015", a-t-elle conclu.