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Yanis Darras , modifié à
Le sénateur de la Vendée Bruno Retailleau était l'invité de la Grande interview Europe 1-CNews ce mercredi. Au micro de Sonia Mabrouk, le président des Républicains au Sénat s'est alarmé de "la bombe sociale" que représente la transition écologique en France, alors que le gouvernement multiplie les grandes annonces.

Des étés caniculaires, des épisodes de gel et d'orages toujours plus violents... Le changement climatique montre progressivement son vrai visage. Pour limiter ses effets, les États, dont la France, travaillent sur une réduction de leurs émissions de gaz à effets de serre. L'Hexagone prévoit de baisser de 55% de ses émissions par rapport à 1990. Parmi les pistes envisagées pour atteindre cet objectif : favoriser l'achat de véhicules électriques et la rénovation des passoires thermiques. 

Pour y arriver, le gouvernement a pris des mesures fortes, notamment sur la question des habitations, en interdisant à location les logements les moins bien isolés. Conséquence, le marché de la location s'est retrouvé en forte tension, remettant en question l'initiative du gouvernement. 

Fausse route

Dans une interview au journal Le Parisien, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire s'est ainsi dit favorable à un report de cette interdiction. Une bonne nouvelle pour Bruno Retailleau, sénateur LR de la Vendée. "C'est une prise de conscience absolument salutaire parce qu'on est en train de faire fausse route et d'aller dans le mur", s'insurge-t-il au micro d'Europe 1-CNews. 

"Il faut absolument desserrer le calendrier sur les fameux logements dits passoires. Parce que, si on les exclut du marché, les Français qui ont déjà du mal à se loger" seront encore plus en difficulté, poursuit-il. "Les jeunes couples n'arrivent plus à accéder à la propriété. Quand on parle d'inflation, le premier budget d'un ménage, c'est à plus de 40% les dépenses pour se loger. Donc il faut bien sûr essayer de reporter ce calendrier", martèle au micro de Sonia Mabrouk, Bruno Retailleau. 

"Il faut tenir compte de la capacité des Français à mener cette transition"

"Ça ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire", nuance le président des Républicains au Sénat, qui souhaite que l'écologie "concilie la dimension sociale et la dimension d'efficacité". Un point que le président de la République a également abordé pendant ses prises de parole sur le sujet cette semaine, affirmant vouloir "reprendre le contrôle sur les prix de l'électricité", ou promettant la présentation de son fameux leasing à 100 euros par mois sur certains véhicules électriques, pour les ménages aux plus faibles revenus, dès le mois de novembre. 

"Il faut tenir compte de la capacité des Français à mener cette transition (financièrement ndlr), on ne peut pas avoir un choc brutal", s'inquiète le sénateur. "Par exemple, une Renault Mégane électrique, et je ne prends pas le haut de gamme, coûte 47.000 euros (avant bonus de 5.000 euros et potentielles aides de la région ndlr). Vous vous rendez-compte ! Qui parmi les Français peut s'acheter une voiture à 47.000 euros ?", s'alarme-t-il. 

Face aux coûts importants encore pour s'offrir une voiture électrique ou isoler son logement, Bruno Retailleau met en garde contre "une bombe sociale". Les interdictions sont "la meilleure façon de rebuter les Français, de les détourner de cette transition énergétique qui est nécessaire", conclut-il.