Il fut le conseiller de l’ombre de Nicolas Sarkozy, à l’origine notamment du virage à droite de la campagne de 2012. Son influence sur l’ancien président de la République a fait polémique, jusque dans les rangs de la droite. Patrick Buisson, ancien rédacteur en chef de Minute, reste un observateur attentif de la vie politique. Interrogé par Europe 1, il se félicite, sans surprise, du succès de François Fillon au premier tour de la primaire de la droite et du centre, et prédit sa victoire dimanche.
Le discours "ringard" de Juppé. "On assiste à ce que j’appelle, la révolution conservatrice. C’est le mot de Napoléon à ses ministres : 'N’ayez pas peur du peuple, il est encore plus conservateur que vous'", soutient Patrick Buisson. "C’est en cela que Juppé, qui s’est fait le porte-parole de la modernité, tient un discours absolument ringard. Il ne se rend pas compte que cette révolution conservatrice est partout à l’œuvre dans la société occidentale."
La fin d'une "anomalie française". Pour l’ex-conseiller élyséen, la filiation idéologique entre Nicolas Sarkozy et François Fillon est bien réelle, seul le style diffère. "Fillon a fait une campagne qui, a sa manière - moins triviale, moins brutale que celle de Sarkozy -, était une campagne de transgression des tabous. Maurice Druon avait l’habitude de dire qu’en France, il y a deux partis de gauche dont l’un s’appelle la droite. C’est cette anomalie française qui est en train de prendre fin. Fillon assume une droite conservatrice."
"Un moment historique". "Juppé sera très probablement battu dimanche soir", assure-t-il encore. "Il représentait cette tradition de cette droite qui ne s’assume pas. Cette hypothèque qui pesait sur la droite est en train de sauter et c’est en cela que, dans l’histoire des idées, c’est un moment historique", conclut-il.